Le pape Francois nous parle : Epiphanie 2014
Dernière partie de l’homélie de la Messe en la solennité de l’Epiphanie à la Basilique vaticane le lundi 6 janvier 2014
Les Mages surent dépasser ce moment dangereux d’obscurité auprès d’Hérode, parce qu’ils crurent aux Écritures, à la parole des prophètes qui indiquait à Bethléem le lieu de la naissance du Messie. Ainsi ils échappèrent à la torpeur de la nuit du monde, ils reprirent la route vers Bethléem et là ils virent de nouveau l’étoile, et l’Évangile dit qu’ils éprouvèrent « une très grande joie » (Mt 2, 10). Cette étoile qui ne se voyait pas dans l’obscurité de la mondanité de ce palais.
Un aspect de la lumière qui nous guide sur le chemin de la foi est aussi la sainte « ruse » permet de reconnaître les dangers et de les éviter. Les Mages surent utiliser cette lumière de « ruse » quand, sur la route du retour, ils décidèrent de ne pas passer par le palais ténébreux d’Hérode, mais de prendre un autre chemin. Ces sages venus d’Orient nous enseignent comment ne pas tomber dans les pièges des ténèbres et comment nous défendre de l’obscurité qui cherche à envelopper notre vie. Eux, avec cette sainte « ruse », ont gardé la foi. Et nous aussi nous devons garder la foi. La garder de cette obscurité. Mais aussi, souvent, une obscurité revêtue de lumière ! Parce que le démon, dit saint Paul, s’habille en ange de lumière, certaines fois. Et ici, la sainte « ruse » est nécessaire pour garder la foi, la garder des chants des Sirènes qui te disent : « Regarde, aujourd’hui nous devons faire ceci, cela… » Mais la foi est une grâce, elle est un don. Il nous revient de la garder avec cette sainte « ruse », avec la prière, avec l’amour, avec la charité. Il faut accueillir dans notre cœur la lumière de Dieu et, en même temps, cultiver cette ruse spirituelle qui sait unir simplicité et astuce, comme demande Jésus à ses disciples : « Soyez prudents comme les serpents, et candides comme les colombes » (Mt 10, 16).
En la fête de l’Épiphanie, où nous rappelons la manifestation de Jésus à l’humanité dans le visage d’un Enfant, nous sentons près de nous les Mages, comme de sages compagnons de route. Leur exemple nous aide à lever les yeux vers l’étoile et à suivre les grands désirs de notre cœur. Ils nous enseignent à ne pas nous contenter d’une vie médiocre, « sans envergure », mais à nous laisser toujours fasciner par ce qui est bon, vrai, beau… par Dieu. Et ils nous enseignent à ne pas nous laisser tromper par les apparences, par ce qui pour le monde est grand, sage, puissant. Il ne faut pas s’arrêter là. Il est nécessaire de garder la foi. À notre époque cela est très important : garder la foi. Il faut aller au-delà, au-delà de l’obscurité, au-delà de l’attrait des Sirènes, au-delà de la mondanité, au-delà de tant de modernités qui existent aujourd’hui, aller vers Bethléem, là où, dans la simplicité d’une maison de périphérie, entre une maman et un papa pleins d’amour et de foi, resplendit le Soleil venu d’en-haut, le Roi de l’univers. À l’exemple des Mages, avec nos petites lumières, cherchons la Lumière et gardons la foi. Qu’il en soit ainsi !