Le pape nous parle : 500 ans de la réforme de Luther
Pour le lancement des commémorations des 500 ans de la réforme de Luther, le Pape François a participé à un événement œcuménique dans la Malmö Arena à Lund en Suède, le lundi 31 octobre. Après la signature par le pape Jean-Paul-II, le 31 octobre 1999, des accords entre luthériens et catholiques, cette rencontre est un événement historique qui marque une nouvelle avancée dans le rapprochement entre chrétiens.
Voici des extraits de l’intervention du pape François :
Je rends grâce à Dieu pour cette commémoration conjointe des 500 ans de la Réforme, que nous vivons avec un esprit rénové et en étant conscients que l’unité des chrétiens est une priorité, parce que nous reconnaissons que [entre nous] ce qui nous unit est beaucoup plus que ce qui nous sépare. Le chemin entrepris pour y parvenir est déjà un grand don que Dieu nous fait, et grâce à son aide nous sommes ici réunis, luthériens et catholiques, en esprit de communion, pour diriger notre regard vers l’unique Seigneur, Jésus-Christ.
Le dialogue entre nous a permis d’approfondir la compréhension réciproque, de créer la confiance mutuelle et de confirmer le désir de marcher vers la pleine communion. L’un des fruits que ce dialogue a produit est la collaboration entre diverses organisations de la Fédération Luthérienne Mondiale et de l’Église Catholique. Grâce à ce nouveau climat d’entente, aujourd’hui Caritas Internationalis et Lutheran World Federation World Service signeront une déclaration commune d’accords, dans le but de développer et de consolider une culture de collaboration pour la promotion de la dignité humaine et de la justice sociale. Je salue cordialement les membres des deux organisations qui, dans un monde fragmenté par des guerres et des conflits, ont été et sont un exemple lumineux de dévouement et de service du prochain. Je les exhorte à poursuivre le chemin de la coopération.
J’ai écouté attentivement les témoignages concernant la manière dont, parmi de nombreux défis, vous consacrez vos vies quotidiennement à construire un monde qui réponde toujours davantage aux desseins de Dieu, notre Père. Pranita(1) s’est référée à la création. C’est certain, toute la création est une manifestation de l’immense amour de Dieu pour nous ; c’est pourquoi, également à travers les dons de la nature, nous pouvons contempler Dieu. Je partage ta consternation en raison des abus qui détériorent notre planète, notre maison commune et qui ont aussi de graves conséquences sur le climat. Comme tu l’as si bien rappelé, les plus grands impacts retombent souvent sur les personnes les plus vulnérables et ayant moins de ressources, et elles sont forcées à émigrer pour échapper aux effets des changements climatiques. Comme on le dit dans mon pays : « En fin de compte, ce sont les pauvres qui finissent par payer la grande fête ». Nous sommes tous responsables de la préservation de la création, et de manière particulière nous les chrétiens. Notre style de vie, nos comportements doivent être cohérents avec notre foi. Nous sommes appelés à cultiver une harmonie avec nous-mêmes et avec les autres, mais aussi avec Dieu et avec l’œuvre de ses mains. Pranita, je t’encourage à poursuivre ton engagement en faveur de notre maison commune. Merci !
Monseigneur Hector Fabío (1) nous a informés du travail commun que catholiques et luthériens réalisent en Colombie. C’est une bonne nouvelle de savoir que les chrétiens s’unissent pour donner vie à des processus communautaires et sociaux d’intérêt commun. Je vous demande une prière spéciale pour cette terre merveilleuse afin que, avec la collaboration de tous, elle puisse parvenir finalement à la paix, tant désirée et nécessaire pour une cohabitation humaine digne. Et puisque le cœur chrétien, s’il regarde Jésus, ne connaît pas de limites, que ce soit une prière qui dépasse ce cadre et qui embrasse aussi tous les pays où persistent de graves situations de conflit…
… Et après avoir écouté ces témoignages courageux et qui nous font penser à notre propre vie et à la manière dont nous répondons aux situations de besoin qui nous entourent, je voudrais remercier tous les gouvernements qui offrent de l’assistance aux réfugiés, tous les gouvernements qui assistent les personnes déplacées et à celles qui demandent l’asile, car toutes les actions en faveur de ces personnes qui ont besoin de protection représentent un grand geste de solidarité et de reconnaissance de leur dignité. Pour nous chrétiens, c’est une priorité d’aller à la rencontre des personnes rejetées par leur patrie et des personnes marginalisées de notre monde et de rendre palpables la tendresse et l’amour miséricordieux de Dieu, qui n’écarte personne, mais qui accueille tout le monde. À nous chrétiens, il nous est demandé aujourd’hui d’être des protagonistes de la révolution de la tendresse. Dans quelques instants, nous écouterons le témoignage de l’évêque Antoine, qui vit à Alep, ville ravagée par la guerre, où l’on méprise et où on foule aux pieds même les droits les plus fondamentaux. Les nouvelles nous rapportent tous les jours l’ineffable souffrance causée par le conflit syrien, par le conflit de la Syrie bien-aimée, qui dure déjà depuis plus de cinq ans. Au milieu de tant de dévastation, il est vraiment héroïque que des hommes et des femmes restent là pour donner l’assistance matérielle et spirituelle à ceux qui sont dans le besoin. Il est également admirable que toi, cher frère Antoine, tu continues de travailler au milieu de tant de dangers pour nous faire part de la situation dramatique des Syriens. Chacun d’eux est dans nos cœurs et dans notre prière. Implorons la grâce de la conversion des cœurs de ceux qui ont la responsabilité de la destinée du monde, de cette région, et de tous ceux qui y interviennent.
Chers frères et sœurs, ne nous laissons pas abattre par les adversités. Que ces récits, ces témoignages nous motivent et nous donnent une impulsion nouvelle pour travailler toujours plus unis. En retournant dans nos maisons, emmenons avec nous l’engagement de réaliser chaque jour un geste de paix et de réconciliation, pour être des témoins courageux et fidèles de l’espérance chrétienne. Et comme nous le savons, l’espérance ne déçoit pas ! Merci !
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Témoins étant intervenus juste avant le Pape