Le Père Matthieu Berger, curé de Meulan – Triel
….et nouveau prêtre référent de l’établissement d’enseignement catholique école Mercier-Saint-Paul.
Après avoir été en charge d’administrer notre groupement paroissial suite au départ du père André Menyé, le père Matthieu Berger a été nommé par Mgr Eric Aumonier, évêque du diocèse de Versailles, à compter du 1er septembre 2017, curé de ce nouveau groupement paroissial Meulan-Triel, tout en conservant ses fonctions de prêtre accompagnateur spirituel de la maison Saint-Jean Baptiste à Versailles et aumônier diocésain des Scouts Unitaires de France (SUF). Nous lui avons naturellement proposé une interview afin de le présenter à tous nos lecteurs.
Père Matthieu Berger, tout d’abord merci de nous accorder un peu de temps en ce début juillet, juste avant votre départ pour accompagner successivement une école de prière paroissiale pour jeunes et des camps scouts. Depuis votre nomination d’administrateur, vous avez travaillé avec l’équipe d’animation paroissiale (EAP) et le CPAE(1) et rencontré les responsables des différents services et mouvements de notre secteur, mais nous n’avons pas vraiment eu le temps de vous connaître. Merci donc de nous faire part de vos sentiments sur votre nomination et de vous présenter à nos lecteurs.
Tout d’abord, je voudrais dire combien j’ai apprécié les contacts et la découverte des paroisses et des paroissiens du secteur de Meulan rive droite, même si le temps m’a manqué pour faire mieux connaissance. Après ma mission d’administrateur, je vois ma nomination comme une belle opportunité de regrouper deux secteurs paroissiaux différents qui peuvent s’enrichir de leurs différences. En effet, en tant que curé de Triel depuis six ans, je percevais et j’entendais sur le diocèse que cette situation évoluerait : regrouper la paroisse de Triel avec une autre paroisse est envisagé depuis longtemps et paraît nécessaire aujourd’hui.
Je suis ravi que notre évêque ait retenu cette solution que j’avais eu l’opportunité d’évoquer avec lui. Elle peut être l’occasion d’un nouvel élan pour nos deux communautés.
Pour ce qui concerne mon parcours, je suis issu du diocèse de Versailles, né en 1971 dans une famille pratiquante engagée, vivant sa vie quotidienne en cohérence avec la foi proclamée le dimanche. Pour moi, cela a été un socle solide et un témoignage déterminant. A l’adolescence, je m’engage comme servant de messe pour ne plus m’ennuyer durant les célébrations. A cette époque, la vocation ne se posait pas mais je suis sûr que mes lieux de vie : la famille, l’école catholique, le scoutisme et le rugby (champion de France Ugsel), ont fait mûrir en moi l’envie de servir.
A partir de la seconde, je m’engage comme pompier volontaire à Versailles puis après le bac je me lance dans les études de médecine ; je passe ma thèse en octobre 2001 et devient médecin généraliste ; je fais mon service militaire comme médecin dans la marine nationale durant un an. J’ai travaillé au Samu et comme médecin de campagne en Sologne, deux expériences passionnantes. C’est la confrontation à la souffrance des jeunes qui m’a amené à me poser pour la première fois la question de la vocation sacerdotale. C’est au contact de la souffrance donc que ma vocation est née et a grandi, jusqu’au jour où je me suis mis à vouloir parler de Dieu à mes patients. Mon intérêt pour l’homme, pour sa santé et son esprit, m’apprend à écouter ; mais alors que je tombe amoureux d’une jeune fille et que je parle mariage, l’appel au sacerdoce est plus fort : je veux devenir prêtre pour les jeunes.
Je rentre au grand séminaire d’Issy-les-Moulineaux en 2001 puis Mgr Aumonier m’envoie au séminaire de Rome. Pendant ces études et ce temps de discernement, je vis une expérience chez les Salésiens à Lyon, puis je suis ordonné diacre le 24 septembre 2006 et ordonné prêtre le 6 janvier 2008. Je suis nommé vicaire, à Aubergenville, de 2008 à 2011, puis curé de Triel à partir de septembre 2011 en étant aumônier référent dans l’établissement catholique d’enseignement « Les Oiseaux » à Verneuil de 2009 à 2016. En octobre 2016, je suis nommé administrateur du secteur de Meulan. La suite vous la connaissez, puisque nous allons ensemble construire le nouveau groupement paroissial de Meulan – Triel à partir du 1er septembre.
Nous aurons la chance d’accueillir pour cette mission le père Baudoin de Beauvais(2) nommé vicaire mi-temps des paroisses du groupement de Meulan-Triel-sur-Seine et aumônier mi-temps de l’hôpital de Meulan et de Laurent Chanon ordonné diacre (en vue du sacerdoce) le 10 septembre prochain(3).
Je profite de cette interview pour renouveler mes remerciements au père Eric Bopke, prêtre du diocèse de Cotonou (Bénin), qui, tout en poursuivant ses études, a assuré sa mission avec joie et enthousiasme sur le secteur de Meulan(4). Il nous quitte car il a été nommé depuis la rentrée prêtre au service des paroisses du groupement de Bailly-Noisy-Rennemoulin.
Comment voyez-vous votre rôle de curé et quelles sont vos priorités ?
J’ai eu la chance de commencer ma mission de prêtre à Aubergenville où j’ai reçu un accueil chaleureux ; les paroissiens me disaient : « nous avons la chance d’avoir un prêtre alors on aime nos prêtres. » J’ai appris avec eux qu’un prêtre est au service d’une communauté, il se donne à elle. Puis devenu curé à Triel, j’ai appris sur le terrain à gérer en plus tout le temporel (immobilier, administratif…). Quand j’arrive dans une paroisse, je souhaite me laisser modeler par mon peuple et conformer à ses particularités. Comme dans un couple, ce sont les différences qui nourrissent, on doit se découvrir mutuellement. Je reçois cette mission comme un défi et une chance pour nos deux communautés.
En ce qui concerne mon rôle de curé, je dirais que le premier est d’aimer mes paroissiens et faire en sorte que la foi les nourrisse et leur apporte une joie profonde. La priorité est pour moi que la communauté paroissiale soit dans la paix, car celle-ci est le signe de la présence de Dieu. Une communauté rayonne si elle ne vit pas sa foi qu’à la messe du dimanche mais également dans la semaine, en famille, dans ses quartiers, dans la ville ou village… « Allez, faites des disciples » nous dit Jésus, « baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit » !
A ce propos, les nouveaux horaires de messes ont été annoncés début juillet. Vous abandonnez le principe des messes célébrées dans des églises différentes d’un week-end à l’autre. Quelle est votre démarche dans ce domaine ?
Nous avons beaucoup prié et réfléchi à ce sujet en EAP, et surtout nous nous appuyons sur ce que nous disent les paroissiens. Il en ressort que les messes « tournantes » sont un risque d’exclure les personnes loin de l’Eglise car c’est difficile pour elles de connaître le lieu des célébrations. Et puis tout le monde est bien d’accord pour dire que l’on fait 15 minutes en voiture pour aller faire ses courses, on peut donc bien en faire dix pour aller à la messe.
Mais la question fondamentale est la suivante : nos célébrations sont-elles accueillantes et rayonnantes ? Ne s’essouffle-t-on pas à préparer des animations pour des célébrations dont l’assistance est de quelques dizaines de personnes ? Pour vivre une communauté joyeuse et dont la foi est contagieuse, il faut nous rassembler, alors que la multiplication des messes disperse les paroissiens et n’aide pas à la fraternité et à la convivialité. On a tous souffert de célébrations aux assemblées réduites sans réelle animation, que ce soit à Triel ou sur le secteur de Meulan.
J’entends tous les jours des parents et grands-parents se lamenter de ce que leurs enfants ne croient plus en rien et leurs petits-enfants ne soient plus baptisés… Ne doit-on pas essayer de rendre nos liturgies plus rayonnantes et plus ouvertes aux lointains ?
Nous avons donc opté, avec les deux EAP de Triel et Meulan, pour le regroupement des messes du samedi soir de Triel et Vaux à Vaux-sur-Seine et pour le maintien des deux messes du dimanche matin à Meulan et Triel. Nous poursuivons la messe des jeunes du dimanche soir à Triel avec en perspective la mise en place, par les jeunes eux-mêmes, d’un « Bla-bla-messe », système de covoiturage qui les aidera à venir de tout le secteur. Nous couvrons ainsi une grande majorité du territoire en terme de population.
Alors comment faire revivre notre foi sur place sans messe dominicale ?
Le dimanche est le jour du Seigneur ; en cela nous sommes invités à nous rassembler pour vivre de la joie de la communauté et de la convivialité à partir de célébrations familiales paroissiales. Ensuite, il faut que nos églises soient ouvertes, voici une anecdote : j’étais en train de visiter pour la première fois l’église de Tessancourt un jour en semaine, lorsqu’un homme entre dans l’église, vient vers moi et me dit : formidable l’église est ouverte ! Puis nous entamons une conversation et il me dit souhaiter reprendre contact !
Cela me conforte dans le fait que nous devons aller à la rencontre des communautés sur place, ouvrir les portes de nos églises tous les jours pour que tout habitant puisse aller s’y recueillir. Pourquoi ne pas leur redonner leur identité première en y vivant des temps d’adoration, de louange, de prières, de partage de la Parole de Dieu et d’offices des heures tels que les vêpres ou les laudes ? C’est pourquoi j’ai lancé une invitation aux paroissiens à organiser une rencontre dans chaque ville et village dès la rentrée prochaine, pendant laquelle je désire aller rencontrer les chrétiens sur place mais aussi en y invitant les autres habitants, le maire et les élus, rencontrer les commerçants, etc. En ce qui concerne la célébration des messes, en dehors des messes régulières de semaine déjà annoncées, nous aimerions mettre à l’honneur chaque clocher une fois par an en y rassemblant toute la communauté, par exemple à l’occasion de la fête patronale ou autre.
Donc si je vous comprends bien, vous souhaitez regrouper le plus possible la communauté dans des assemblées dominicales vivantes, joyeuses et animées, avec la participation du plus grand nombre, et développer une pastorale de présence et de proximité dans chaque ville et village. Comment pensez-vous mettre en œuvre cette nouvelle dynamique ?
Oui, c’est tout à fait cela. Ce n’est pas une idée qui m’est propre, c’est le fruit de constats faits depuis plusieurs dizaines d’années par des prêtres évangélisateurs et zélés. Notre désir est d’ancrer toute notre pastorale autour de cinq axes majeurs que nous pourrions essayer de vivre : la formation, la convivialité, la prière, l’évangélisation et le service (la charité). Les paroissiens du secteur de Meulan m’ont dit leur soif de formation et de convivialité. Vivons dans un premier temps de ces cinq axes en paroisse et ensuite nous pourrons aller « mettre le feu sur la terre » et nous deviendrons missionnaires. Demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer, Lui seul nous emmènera sur le bon chemin. Je vous invite d’ailleurs à ce propos au congrès mission à Paris les 30 septembre et 1er octobre pour nous laisser ranimer par Lui.
Il nous faut déjà conclure, merci pour votre accueil. Toute l’équipe des Echos sera ravie d’être à vos cotés dans votre mission pastorale élargie. Avez-vous un dernier message ?
Merci pour votre interview qui me donne l’occasion de me présenter.
Je terminerais par une question : ce regroupement du secteur de Meulan avec Triel, n’est-il pas une opportunité à un nouveau dynamisme pastoral et missionnaire ?
(Propos recueillis par Yves Maretheu)
(1) CPAE : Conseil paroissial aux affaires économiques
(2) Que nous présenterons dans notre numéro d’octobre
(3) Voir article sur le site : http://paroisse-triel.fr/2016/11/02/un-nouveau-seminariste-dans-la-paroisse/
(4) Voir article page 8