LE PUY-EN-VELAY, Jubilé du Grand Pardon
Bien connu des pèlerins de saint Jacques puisqu’ici commence leur marche vers Compostelle, Le Puy-en-Velay fête cette année un double jubilé : celui de « La Miséricorde » décrété par le pape François pour toute l’Eglise catholique et celui du « Grand Pardon » fêté chaque fois que le Vendredi Saint coïncide avec la fête de l’Annonciation (25 mars). C’est donc un évènement exceptionnel ; on en compte officiellement trente, deux ou trois par siècle, mais aussi très ancien puisqu’il remonterait à l’an 992 sous le règne d’Hugues Capet et du pape Jean XV. Un moine allemand ayant prédit la fin du monde, une foule s’était rassemblée le 25 mars pour demander pardon, se préparant ainsi à une mort annoncée pour tous.
Mais tout d’abord qu’est-ce qu’un jubilé ? Comme son nom l’indique, c’est un temps de joie. Le mot vient de « Jobel », la corne de bélier, transformée en trompette, qui servait au peuple hébreu à sonner les temps de fêtes en mémoire de sa libération ; selon la loi de Moïse, il était fêté tous les cinquante ans. C’était une année de « rémission », les dettes étaient effacées, les esclaves rendus à la liberté, le travail des champs suspendu, les terres mises en jachère.
Le jubilé catholique est une année sainte dans la tradition des années jubilaires de l’Ancien Testament ; il a été institué en l’an 1300 par le pape Boniface VIII ; le rythme des années jubilaires peut varier : tous les cinquante ou plus rarement vingt-cinq ans. Seul, le pape est habilité à instituer une « Année Sainte » et il peut le faire en dehors même des années jubilaires habituelles ; ainsi, depuis le 8 décembre 2015, fête de l’Immaculée Conception, jusqu’au 20 novembre 2016, fête du Christ-Roi, le pape François a décrété une année sainte de la « Miséricorde ».
Mais revenons au « Grand Pardon » du Puy en Velay qui cette année se déroulera du 25 mars au 15 août. Selon la tradition, c’est en l’an 1065 sous le pontificat d’Alexandre II qu’il aurait été célébré pour la première fois. L’indulgence plénière fut accordée à la cathédrale du Puy, en 1265, par Clément IV qui y avait été évêque. Lors des Guerres de Religion du XVIème siècle, la ville, soutenue par le roi Henri III et le Saint siège, repoussa toutes les attaques des Huguenots et, en action de grâce, on processionna dans la ville « la Vierge noire » (¹), créant une tradition toujours vivante depuis 1578. Dès lors, les processions structurent les jubilés de l’ouverture, le Vendredi Saint, à sa clôture, le 15 août.
A la suite de son institution par Jean XVI (anti pape), papes et rois se sont intéressés à ce haut lieu marial : Urbain II y séjourna durant le Concile de Clermont et saint Louis y passa trois jours. Quant aux évêques du lieu, ils président chaque célébration du Grand Pardon et cette année, Monseigneur Crépy, nouvellement nommé au Puy, n’est pas au chômage. Il a ouvert le 8 décembre 2015 la Porte du Jubilé de la Miséricorde et le 25 mars de cette année, la porte du Grand Pardon. La vocation mariale du Puy, particulièrement à la Vierge de l’Annonciation, remonte à sa fondation
Une tradition plus que millénaire : au Puy commence le chemin du pèlerinage de saint Jacques de Compostelle ce qui renforce encore sa réputation bien au-delà de nos frontières. Les amateurs de géologie, d’art et d’histoire y trouvent aussi leur compte : des pitons volcaniques comme le rocher Corneille d’où jaillit une gigantesque Vierge en fonte érigée en 1860 et le rocher Saint-Michel avec sa chapelle « Saint-Michel-d’Aiguilhe », la cathédrale et son cloître de style roman influencé par l’orient byzantin, sans oublier le charme de la vielle ville, Le Puy retient pèlerins et touristes !
Si vous souhaitez participer au « Grand Pardon », ne tardez pas car il se termine le 15 août ; de plus, le nombre de pèlerins attendus devrait avoisiner trois cent trente mille !
- « La Vierge noire » thème qui n’est pas unique, aurait été offerte par saint Louis au retour de croisade