L’église Saint-Martin de Triel (2ème partie)
Les vitraux
Il faut visiter cette église à différents moments de la journée pour profiter du chatoiement des vitraux datant de la Renaissance et dont quatorze d’entre eux sont classés aux monuments historiques. Ils ont été réalisés par deux maîtres verriers : Jean Leprince et Jean Chastelain. Le premier a réalisé L’Arbre de Jessé qui avait été mis à l’honneur par Suger, l’évêque de Saint Denis, en 1144. A la suite, on trouve un vitrail représentant des saints vénérés dans la région et dont l’intercession est demandée contre la peste : saint Roch, saint Sébastien, mais aussi saint Martin, le saint patron de la paroisse ; saint Martin est alors soldat romain et la scène nous raconte la rencontre de Martin avec un pauvre hère transis de froid : il lui offre la moitié de son manteau. On y voit aussi saint Nicolas. Ce vitrail fut offert par Thomas Mercier et son épouse. Il était archer au fort de Meulan. La présence de deux saints patrons qui protègent de la peste montre à quel point la population fut marquée par l’épidémie, au siècle précédent.
Le vitrail suivant nous dépeint saint Mathurin assistant au baptême de ses parents et exorcisant Théodora, la fille de l’empereur d’Autriche. Un cartouche nous précise que ce vitrail fut offert par Mathieu Lebailly et sa femme.
Dans la chapelle triangulaire qui suit, on observe au plafond des coquilles sculptées prouvant qu’elle fut dès l’origine réservée au culte de saint Jacques. Là, nous est relatée la légende de saint Jacques de Compostelle. Suivent des vitraux du XIXème siècle relatant la vie de Marie.
Les vitraux suivants sont attribués pour les plus anciens à Jean Chastelain qui travailla pour le roi à Fontainebleau. La Transfiguration du Christ, dans lequel le visage, les mains et les pieds sont recouverts de peinture dorée, occupe la chapelle suivante. La décollation de saint Jean – Baptiste avec Salomé qui attend la tête du supplicié est du XVIème siècle ; il est dans un état originel alors que le Baptême du Christ est très restauré. L’Adoration des Mages, réalisée dans les ateliers Guilbert, date de 1869. La Dormition de la Vierge a été enregistrée lors d’une recollection comme représentant une sainte inconnue… Un petit vitrail relatant la vie de Jésus chez Joseph accroche le regard. Un beau tableau de verre dépeint le Repas Chez Simon, il suit la Résurrection de Lazare. L’entrée de Jésus à Jérusalem montre la foule sur son passage. Le vitrail suivant est incomplet et semble rassembler des vitraux différents. On y rencontre dans un médaillon la légende d’Esther soumettant Holopherne, général de Nabuchodonosor. Suivent deux vitraux aux thèmes classiques de la crucifixion puis de la résurrection.
Dans le chœur, en hauteur, se trouve un autre vitrail relatant la crucifixion, cela s’explique par le fait que le choix des sujets était libre.
D’autres objets décorent avec intérêt ce lieu : des statues anciennes dont l’une à l’effigie de saint Vincent dans son costume de diacre et tenant dans sa main la palme des martyrs qui date du XVème siècle ; l’autre représentant un prêtre de l’Ancien Testament ; dans le chœur, un majestueux lutrin en fer forgé du XVIIème siècle attire le regard. Les fonts baptismaux portent une inscription gravée en latin qui nous rappelle qu’« aucun qui ne renaît de l’eau et de l’Esprit Saint, ne pourra pénétrer dans le royaume de Dieu ».
Une autre source de flânerie dans ce lieu est donnée par des tableaux dont certains classés aux monuments historiques. Sainte Cécile, du XVIIIème siècle, est accrochée dans la chapelle des fonts baptismaux ; près d’elle, sainte Avoye, huile sur toile représente-t-elle un souvenir du mariage en 1653 de Jean de Gallet avec Avoye Guéroult, fille de Guéroult de Bois Roger, prévôt de Triel ? Le Christ en croix, du XVIIème siècle, montre Jésus entre saint Nicolas et sainte Barbe. La Charité de Triel est représentée en présence des saints patrons de la confrérie. L’Annonciation, œuvre anonyme du XIXème, est accrochée dans le bas-côté nord. La mort de Joseph, huile sur toile de Bonnart de 1656, la mise au tombeau d’après Le Titien, enfin deux autres tableaux sont accrochés dans la sacristie : Intérieur de l’église dit « Avant Vêpres » et « Communiantes » de Léon Haus.
A ces tableaux anciens, on doit ajouter le Céleste Manteau, de Denys de Solères, peint sur bois en 1998. Il relate la conversion de saint Martin et donne corps à notre cité en figurant les Triellois assemblés avec le maire et le curé.
Un orgue fabriqué par John Abbey accompagne les célébrations et deux cloches rythment les cérémonies et les heures de la journée. Seule « Charlotte, Elisabeth, Philippe » résiste à la tourmente révolutionnaire. Aujourd’hui, elle rythme les heures de concert avec la Cloche du Millénaire nommée « Christiane, Claude, Bernadette », issue d’une souscription et mise en place en 2008.
Danièle Houllemare
présidente de l’association « Triel, Mémoire & Histoire. »