L’enfant dans l’art
L’enfant occupe une place de choix dans l’art sous ses différentes formes d’expressions : dessin, gravure, sculpture, peinture. Limitons-nous ici à cette dernière technique.
Le thème de la jeunesse a de tous temps retenu les artistes qui nous ont livré d’attendrissants portraits d’enfants, seuls ou au sein de leur propre famille. Ces œuvres témoignent de la place qu’ils occupaient dans la société, surtout à partir du XVIIIème siècle et révèlent aussi les coutumes, les modes de vie de leur époque. L’art du peintre consiste aussi à traduire l’invisible, à savoir les sentiments : joie, tristesse, souffrance, douceur, pureté, vigueur, violence qui se dévoilent dans les traits du visage, les regards, l’ambiance de la scène. Il peut s’agir de portraits isolés, de duos ou de groupes allant jusqu’à toute une famille avec ou sans les parents. Rois, princes et bourgeois aisés confient à des artistes, souvent de renom, le soin de fixer à jamais les traits de leurs enfants ; cette coutume perdurera même après l’invention de la photographie. Aujourd’hui, comme hier, les peintres choisissent aussi leurs propres enfants comme modèles ; nous l’avons vu récemment avec Picasso (exposition Rose et Bleu dans notre n° novembre). Les portraits sont des éclairages sur la société et le sort qu’elle réserve aux jeunes depuis les nantis jusqu’aux plus misérables. Rien n’échappe aux pinceaux des artistes, du palais à la masure, de l’enfant choyé par ses parents à l’enfant malade ou maltraité, de l’enfant au travail à celui qui joue, de l’enfant au sein d’une nature sereine à l’enfant soldat.
Evolutions dans le temps de la thématique de l’enfant
Au Moyen-âge, XIVème – XVème siècles, c’est l’enfant-Dieu qui est représenté. Il ne s’agit pas de portrait qui existe pourtant pour les adultes, mais « d’enfant idéalisé » : nativité, bain de l’enfant, circoncision, présentation au Temple de la Vierge ou de Jésus, massacre des saints innocents, mais aussi cycle de la vie des saints comme François d’Assise.
A la Renaissance et au XVIIe siècle
Tout en perpétuant la tradition du Moyen-âge dans les œuvres religieuses, de véritables portraits d’enfants, isolés ou en groupes, apparaissent dès la Renaissance ; l’enfant devient l’objet de toutes les attentions, il est représenté avec réalisme, mais comme un adulte en devenir dont il porte en réduction vêtements, bijoux et attributs, entre autres les armes. Dürer donne en chiffres ses proportions et Léonard de Vinci s’y intéresse dès l’utérus maternel ! Jusqu’ à l’âge de cinq ans, les petits garçons sont en robe comme les fillettes. L’enfant porte les mêmes atours, les mêmes bijoux, les mêmes attributs que ses parents y compris les armes plus encore quand il s’agit du dauphin.
Au XVIIIème siècle ou siècle des Lumières, l’enfant est au centre des préoccupations politiques, morales et sociales, c’est le triomphe du sentiment familial, des tableaux réunissant parents et enfants, des pères et mères enlaçant leur progéniture, de l’allaitement maternel, …. L’enfant est considéré comme un être à part et on le représente de façon plus naturelle.
Au XIXème siècle, la représentation de l’enfant gagne « ses lettres de noblesse », qu’il s’agisse de l’enfant préservé d’une bourgeoisie aisée, celle des Impressionnistes à celui défavorisé de la classe ouvrière d’un Daumier. Bien souvent l’enfant est représenté au sein de la nature, ce qui ne surprend pas à l’époque où les peintres y installaient leur chevalet.
Le thème de l’enfance ne peut se conter en un article tant il est riche. Je vous propose de le poursuivre lors de vos visites de musées ou, sans vous déplacer, sur Internet !
Mes sources principales : Exposition « l’Art et l’enfant » au musée Marmottan (Paris 2016)
« L’enfant dans la peinture » (S.Allard, N.Laneyrie-Dagen, E.Pernoud, Edition Citadelles & Mazenod)