L’épître à Diognète ou les chrétiens dans le monde
Ces quelques mois écoulés nous ont montré combien le monde peut être intolérant, violent, haineux. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Depuis la nuit des temps, les groupes humains se sont affrontés selon leurs appartenances ethniques, religieuses, sociales ou culturelles. Chaque chrétien est plongé dans la diversité qui constitue l’humanité d’aujourd’hui et doit s’efforcer de vivre et agir selon l’enseignement du Christ qui nous invite à aimer et être des artisans de paix.
Déjà au début du IIème siècle, un auteur anonyme faisait le point de la situation des chrétiens dans l’empire romain. Lisons et méditons ce qu’il nous dit et voyons si notre vie est différente dans notre région, notre pays et au-delà de la France.
Epître à Diognète :
« Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres ; ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets ; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine.
Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyen et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde ; ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveaux nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire.
Ils sont dans la chair mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils ont tout en abondance. On les méprise et dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie et ils y trouvent leur justification. On les insulte et ils bénissent. On les outrage et ils honorent. Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu’on les châtie, ils se réjouissent comme s’ils naissaient à la vie.
En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde… ».
L’auteur décrit la manière de vivre des chrétiens du deuxième siècle dans l’empire romain. Pour compléter cette réflexion, je vous invite à lire le passage de l’épitre de saint Paul à Tite au chapitre 3 verset 1 à 6 (deuxième moitié du premier siècle).
Pour les chrétiens du monde aujourd’hui, la situation est-elle la même ? Comment vivons-nous notre foi dans la société dans laquelle nous évoluons ? Notre foi est-elle cachée ou est-elle un témoignage de l’Amour du Christ à travers nos vies ? N’oublions pas ce que Jésus nous dit dans saint Jean chapitre 13, 35 : « A ceci tous reconnaitront que vous êtes mes disciples ».