Les dessous de l’Opéra
Un lac, des voix, un fantôme ?
Le fameux Fantôme de l’Opéra, personnage qui n’existe que dans le roman de Gaston Leroux (1910), Louis de Funès s’évadant en barque dans La Grande vadrouille, ont alimenté ces légendes. Cependant, il existe bien sous la scène une réserve d’eau qui a comme rôles d’équilibrer la pression des murs extérieurs et de remédier aux problèmes des infiltrations de la nappe phréatique.
Quant aux voix …
Dans le journal Le Figaro du 25 décembre 1907, M. Malherbe journaliste, raconte « Une étrange cérémonie » ayant eu lieu la veille, l’enfouissement dans les sous-sols de l’Opéra de vingt-quatre disques, placés dans deux urnes scellées, don d’Alfred Clark, président d’une maison de disques, la Compagnie française du Gramophone. La condition de ce don était de n’ouvrir les urnes que cent ans plus tard, soit en 2007. Ce geste sera complété en 1912 par vingt-quatre autres disques, ainsi qu’un gramophone.
Les journaux comme ci-contre La Dépêche du Midi pouvaient donc titrer en décembre 2007 : Les « voix ensevelies » de l’Opéra de Paris vont sortir des urnes. Ce qui fut fait un peu plus tard (en 2008) pour cause d’amiante et les morceaux ont été transférés sur CD et publiés par EMI.
Des noms prestigieux :
Ceux de compositeurs dont les rues, aux alentours de l’Opéra Garnier, portent les noms : Scribe, Auber, Halévy, Meyerbeer, Glück, sans oublier la danse avec la place Diaghilev, face à l’entrée des artistes. Et sur chaque façade, des macarons de Verdi, Haydn, Bach, Mozart, Beethoven, Rossini, Adam, Bellini, Weber … et étonnamment celui Jean-Jacques Rousseau auteur d’un intermède en un acte : Le Devin du village.
Mais cherchez Wagner … vous ne le trouverez pas ! Il était prussien et à l’époque !
Vous pourrez cependant trouver les sculptures représentant Charles et Louise Garnier.
L’intérieur de l’Opéra n’a été terminé que sous la IIIe République, après la chute de Napoléon III. Ainsi, on ne trouve plus aucune marque impériale dans les décors, du Grand Escalier à la salle de spectacle, en passant par le Grand Foyer. Aux extrémités du Grand Foyer, galerie de 54 mètres de long, 13 de large et 18 de haut, deux visages se font face. A l’origine, ils devaient représenter ceux de Napoléon III et d’Eugénie, mais la chute du Second Empire a bouleversé les plans de Charles Garnier qui choisit alors d’y mettre le visage de sa femme et le sien.
Un site entouré de banques
Aujourd’hui et déjà à la fin du XIXe siècle, l’Opéra Garnier est entouré de banques. Le IXe arrondissement de Paris est à l’époque un quartier bourgeois. Les résidents de ce quartier assistent donc régulièrement aux spectacles du nouvel Opéra Garnier : une occasion pour se faire voir par le public. Charles Garnier a ainsi construit le grand escalier dans ce but ; de même, en est-il du lustre central qui restait allumé pendant les représentations.
Ces spectateurs arrivent donc habillés en toute splendeur, portant leurs précieux bijoux qu’ils gardent dans les coffres des banques près de l’Opéra. Dès la fin de la soirée, ils retournent rapidement y remettre leurs bijoux.
Une perspective incroyable
Napoléon III demanda à Haussmann d’aménager une avenue depuis le Palais des Tuileries jusqu’au palais Garnier , pour lui permettre de circuler sans risque d’attentat. Haussmann avait prévu une plantation d’arbres le long de l’avenue. Charles Garnier s’opposa violemment à cette plantation car rien ne devait perturber la perspective et dissimuler son œuvre. De même, Haussmann ayant autorisé pour les immeubles environnant l’Opéra à dépasser de cinq mètres la hauteur réglementaire, Garnier, pour se démarquer, va donc rehausser sa façade : il ajoutera un attique alternant des « N » et des « E » à la gloire de Napoléon III.
Et une citation (peut-être légendaire)
A l’impératrice Eugénie qui s’étonnait que le style de la construction ne soit « ni du grec, ni du Louis XV, pas même du Louis XVI », Charles Garnier aurait répondu « c’est du Napoléon III ».
Bruno Gonin