Les Elfes
Etudie-t-on encore, dans nos lycées et collèges, les poètes du 19ème siècle, comme Charles Leconte de Lisle (1818-1894), et les poètes du Parnasse qui recherchaient la beauté et l’harmonie du langage, une certaine musicalité ?
Comme en témoigne le poème ci-dessous, qui est un véritable chant.
Les Elfes
Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.
Du sentier des bois aux daims familier,
Sur un noir cheval, sort un chevalier.
Son éperon d’or brille dans la nuit brune ;
Et quand il traverse un rayon de lune,
On voit resplendir, d’un reflet changeant,
Sur sa chevelure un casque d’argent.
Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.
Ils l’entourent tous d’un essaim léger
Qui dans l’air muet semble voltiger.
– Hardi chevalier, par la nuit sereine,
Où vas-tu si tard ? dit la jeune reine
De mauvais esprits hantent les forêts,
Viens danser plutôt sur les gazons frais
Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.
– Non ! Ma fiancée aux yeux clairs et doux
M’attend et demain nous serons époux
Laissez-moi passer Elfes des prairies,
Qui foulez en rond les mousses fleuries ;
Ne m’attardez pas loin de mon amour,
Car voici déjà les lueurs du jour.
Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine…