Les Jeux Olympiques à Paris en…1924
Eh ! bien voilà, nous venons de l’apprendre, à la radio, dans les journaux, qu’ils soient télévisés ou écrits, on ne parle que de ça, Paris vient de se voir attribuer l’organisation des Jeux Olympiques de 2024 ! Il y a cent ans que notre capitale ne s’était pas vue confier un si grand honneur et alors si nous allions voir ce qui s’est passé lors de ces olympiades de 1924 ? Allons revenons quelques années en arrière…
C’est en 1921, au moment où l’Europe essaie d’oublier les horreurs de la Grande guerre et plonge dans un tourbillon de plaisirs, qu’est confiée au Comité Olympique Français l’organisation des jeux de 1924. Ironie de l’histoire, c’est un peu grâce au désistement d’Amsterdam que Paris obtient ce droit mais, malgré les projets grandioses, rien ne se fait ! Il faut même en 1923, après qu’on ait pensé à transférer cette organisation à…Los Angeles (ça ne s’invente pas !), que le président de la République de l’époque, M. Millerand, tape sur la table pour qu’enfin on se mette au travail. Le Racing Club de France aménagera alors le stade de Colombes, d’une contenance de soixante mille places, entouré du premier « village olympique » fait de cabanes en planches pas très esthétiques.
Un gros succès sportif !
Du coup, ce coin de banlieue va bientôt devenir une sorte de kermesse populaire et voit fleurir tout au long des rues qui mènent au stade des baraques aux noms évocateurs : bar des Olympiades, Select Olympic, Tabac du Sport, Jardin du Stade, Sportman Bar ou encore l’Athlète Bar, dans lesquels les sandwichs et les boissons sont vendus à un prix exorbitant. Malgré ce contexte peu ragoutant, les jeux seront un vrai succès sportif : 3075 participants représentant 44 pays et près de 1 000 journalistes.
Après la cérémonie d’ouverture qui eut lieu le 5 juillet (mais les compétitions sont commencées depuis le 3 mai !) en présence de Paul Doumergue, président de la République, de nombreuses têtes couronnées et personnalités du monde politique, Montherlant louera le symbolisme de tous ces drapeaux rassemblés au moment du serment olympique et avouera même qu’il n’a pu réprimer un frisson au moment où l’on alluma la flamme. Malheureusement, comme en 1920 à Anvers, prétextant un problème de sécurité de sa délégation, l’Allemagne ne participera pas à ces jeux.
La violence, déjà elle, est aussi au rendez-vous ; ainsi dans un stade chauffé à blanc, après que, contre toute attente, l’équipe de France de rugby ait été battue par les joueurs américains qui avaient suivi une très sérieuse préparation, on a pu entendre des noms d’oiseaux fuser des tribunes. Les rugbymen d’outre-atlantique auront même la désagréable surprise en réintégrant leur vestiaire de constater qu’on leur avait volé leur argent pendant le match. Quelle image de la France !
Scandale aussi dans la compétition d’escrime quand au Vel d’Hiv, les juges donnent la victoire au Français Lucien Gaudin, alors que manifestement l’Italien Boni devait l’emporter.
Se souvient-on alors que les Italiens ont quitté la piste en chantant l’Hymne fasciste ?
Des beaux succès pour l’équipe de France !
La France a tout de même connu quelques beaux succès qui ne soulèvent aucune polémique.
Par exemple, Henri Deglane médaille d’or en lutte gréco-romaine, il deviendra par la suite catcheur professionnel, ou encore Charles Rigoulot qui semblant s’amuser avec les barres, devient champion olympique en haltérophilie ou enfin le tireur à la carabine Coquelin de l’Isle, qui battit deux fois le record du monde durant la compétition. Beau succès également de nos joueurs de polo qui en finale battent la Belgique, devant huit mille spectateurs, dans la piscine des Tourelles.
Du côté des cyclistes, les Français font une véritable razzia : à la Cipale, Lucien Michard en vitesse, Cugnot et Choury en tandem remportent la médaille d’or. Sur route, c’est avec près de dix minutes d’avance que Armand Blanchonnet est vainqueur de l’épreuve. Même par équipe, les Français Wambst, Leducq et Hamel s’imposent.
En athlétisme, les pays du Nord dominent. La Finlande en particulier rentre avec dix titres ; il faut dire qu’à cette époque un certain Nurmi et son comparse Ritola sont les rois de la piste, juste derrière les Américains qui sont très heureux de leurs douze titres.
Ces jeux ont été aussi l’occasion de découvrir des héros devenus légendaires, ainsi Johnny Weissmuller. Il n’a encore que 19 ans, mais deux ans plus tôt il était déjà le premier nageur à descendre sous la minute aux 100 m nage libre, lorsqu’il s’illustre à Paris où il gagnera le 100 m et le 400 m. On se souvient qu’il deviendra par la suite l’inoubliable Tarzan !
Mais ces jeux seront surtout les derniers du baron Pierre de Coubertin, l’initiateur de ces jeux modernes, qui profite de la cérémonie de clôture à Colombes pour « passer le relais ». ce jeux seront ses derniers ; il démissionne de son poste de président du Comité International Olympique en 1925.