Les miraculés de Lourdes
Lourdes, la Vierge, la grotte, les pèlerinages et les guérisons miraculeuses marquent la piété chrétienne depuis cent cinquante ans. Nous revenons ici sur deux cas de guérison dont celui d’Alice Gourdon-Couteault que l’auteur de l’article a eu le plaisir de rencontrer en 1960, quelques années après la reconnaissance du caractère miraculeux de sa guérison, par l’Église catholique.
Bouillé-Loretz est une charmante bourgade tranquille, proche de Montreuil-Bellay. C’est le Val de Loire, une terre chargée d’histoire, la Vallée des Rois. Forteresses et châteaux nous y transportent au Moyen-Âge ou à la Renaissance. Thouars, tout proche, fut une place-forte protestante. Mais c’est une histoire récente qui nous amène à Bouillé-Loretz : celle d’Alice Gourdon, épouse Couteault, qui y passa toute sa vie et fut guérie à Lourdes, le 15 mai 1952, à 34 ans, d’une sclérose en plaque, apparue trois ans auparavant.
En déclarant sa guérison soudaine et complète au Bureau des constatations médicales du Sanctuaire, elle rejoignit les quelque sept mille personnes qui firent la même démarche, depuis les premières guérisons constatées en mars 1858. Bien d’autres pèlerins de Lourdes ont constaté leur guérison totale ou partielle, mais n’ont pas souhaité entamer la procédure, longue et délicate, de reconnaissance miraculeuse. Quant à A. Couteault, sa démarche aboutit, dès 1956 (un délai particulièrement court), à la reconnaissance par Mgr Vion, évêque de Poitiers, de sa guérison miraculeuse. Elle est la cinquante et unième sur une liste qui en comporte actuellement soixante-huit (une nouvelle guérison vient d’être reconnue le 11 octobre), soit moins de un pour cent des guérisons déclarées.
Pourquoi y a-t-il si peu de guérisons reconnues ? Toute guérison à Lourdes n’est-elle pas un miracle ? Pour le pèlerin malade ou handicapé qui vient à Lourdes avec l’espoir d’en revenir guéri, qui prie Dieu avec ferveur, demande l’intercession de la Vierge et voit sa supplique exaucée, l’intervention divine ne fait pas de doute. Un processus de guérison rapide et complet a opéré, qu’il a vécu comme lié à ses croyances et aux prières effectuées. Il gardera à tout jamais, avec le bénéfice de cette guérison, la conviction profonde d’une faveur divine spéciale. Il est à ce titre intéressant d’écouter l’un des derniers en date des miraculés reconnus de Lourdes : Serge François, un artisan angevin, guéri à 56 ans, le 12 avril 2002, d’une algie sciatique, douloureuse et handicapante. Il a réalisé un enregistrement vidéo, disponible sur internet (1), pour décrire sa guérison.
L’Église catholique fait preuve de prudence pour l’affirmation du caractère miraculeux d’une guérison. D’un côté, la médecine fait de remarquables progrès et peut expliquer, aujourd’hui, par l’application de lois naturelles ce qui, précédemment, était considéré comme miracle, c’est-à-dire action divine spécifique. D’un autre côté, il y a dans les hôpitaux, très exceptionnellement, des guérisons surprenantes que la médecine ne sait pas expliquer. Sont-elles des miracles ?
L’Église ne demande pas de croire aux miracles. Elle s’appuie sur l’expertise du corps médical pour définir le caractère inexplicable d’une guérison à Lourdes en y joignant un ensemble très contraignant de critères médicaux (onze critères) et spirituels (cinq critères), ce qui conduit au faible nombre de guérisons officiellement acceptées. Retenons la formulation adoptée par Mgr. Delmas, évêque d’Angers, en mars 2011 pour annoncer la dernière guérison reconnue : « Au nom de l’Église, je reconnais publiquement le caractère «remarquable» de la guérison dont a bénéficié Monsieur Serge François, à Lourdes, le 12 avril 2002. Cette guérison peut être considérée comme un don personnel de Dieu pour cet homme, comme un événement de grâce, comme un signe du Christ Sauveur »(2).
1 – Lien Internet sur youtube : Serge François. Ou rechercher sur Google, avec les mots suivants : Serge François miraculé.
2 – Pour étudier plus avant cette question : Lourdes/guérisons