Les rites funéraires
De tout temps la mort a plongé l’homme dans un abîme d’inconnus faisant place à bien des interrogations. Ce corps inerte, qui bientôt va se décomposer, est-il la fin de tout ? Les rites funéraires remontent au berceau de l’humanité sans qu’on puisse dire quand est apparue la conscience d’un au-delà, ou du moins d’une autre vie pour laquelle il faut préparer le défunt. Pour les uns, cette vie après la mort est à l’image de celle qui vient de s’achever. Ainsi est née l’habitude de l’embaumement, comme chez les Egyptiens où, grâce à la conservation de la dépouille et à l’accumulation des objets usuels ou de leurs représentations, le défunt connaîtra une vie semblable à celle qu’il a connue ici bas.
Toutes les religions répondent au mystère de la mort par des rites.
Pour le bouddhisme et l’hindouisme, la mort est une étape d’un cycle de transformations mais cela n’empêche pas une ritualisation où la crémation est vue comme une transition vers le divin, comme une ultime offrande, un dernier sacrifice.
Les religions monothéistes affirment la même foi en un dieu unique que le défunt est appelé à découvrir, mais leurs cultes funéraires ne sont pas identiques.
Pour les juifs, la vie sur terre n’est qu’une étape et la mise en terre, le plus rapidement possible, est une obligation après la toilette de purification faite par un membre d’une confrérie « la hevra kaddisha ». Entièrement lavé, le corps est revêtu d’une tunique blanche, la même pour tous. Puis vient le temps de la récitation des psaumes près du défunt. Une bougie, symbole de l’immortalité, est allumée près de sa tête. Avant la fermeture du cercueil, ses proches lui demandent pardon et entrent dans la période dite de « désolation ». Le cercueil ou simplement le corps, est déposé à même la terre les pieds vers Jérusalem et chacun jette un peu de terre tandis qu’on récite le « Kaddish » qui est une prière de louange, un chant d’espoir. Le repas de deuil est frugal mais obligatoire « car la mort ne doit pas triompher de la vie ».
Pour les musulmans, prime la toilette rituelle de purification, faite par des personnes du même sexe, puis le défunt est enveloppé d’un linceul blanc ; durant toute cette préparation, on récite des prières « c’est à Dieu que nous appartenons, c’est à lui que nous faisons retour ». Le mort couché sur le dos, les bras le long du corps la tête tournée vers La Mecque ne doit plus être touché mais il est veillé par sa famille et enterré si possible dans les vingt quatre heures. Au cimetière, l’imam dirige la prière. L’inhumation se fait en pleine terre, le corps placé sur le côté droit et tourné vers La Mecque. Les femmes quittent les premières le cimetière.
Chrétiens catholiques, protestants et orthodoxes ont foi en la Résurrection mais les rites des funérailles diffèrent quelque peu. Pour les protestants, la sobriété s’impose et une grande liberté est laissée à chacun pour l’organisation de la cérémonie au temple toujours présidée par le pasteur qui peut être aussi présent à la levée du corps, au cimetière ou au crématorium. Les protestants ne prient pas pour leur mort mais pour la famille en deuil. Le corps n’est pas le centre des rites funéraires, il n’y a ni soin pour le corps ni veillée et la célébration peut avoir lieu indifféremment avant ou après la crémation ou l’inhumation. La sépulture est simple et les fleurs sont celles du deuil. L’assistance jette une poignée de terre ou de sable dans le caveau. L’important est l’Espérance dans la grâce de Dieu.
Lorsque meurt un orthodoxe, on lui croise les bras sur la poitrine et on y place une icône (son icône) image contre sa poitrine. Les obsèques sont célébrées trois jours plus tard, le temps que l’âme se sépare du corps. Si la loi civile le permet, on transporte la dépouille et on célèbre le cercueil ouvert. Tous sont invités à y déposer une fleur et à l’église trois cierges l’entourent. L’assistance vient y allumer le sien, signe que le défunt entre dans la lumière. Encens et huile consacrée sur le front du mort complètent la symbolique. Au cimetière, on lance un peu de terre sur le cercueil et on embrasse la croix que tient le prêtre (pope). « L’ascension » du défunt se poursuit durant quarante jours et on en fait mémoire le troisième, neuvième et quarantième. Les orthodoxes condamnent la crémation mais aussi l’autopsie et le prélèvement d’organes qui, en réaction, furent pratiqués durant le régime soviétique.
Plus connues sont les funérailles catholiques qui se déroulent sauf exceptions, à l’église paroissiale ; en l’absence de prêtre ou de diacre, elles peuvent être dirigées par des laïcs. Le cercueil, souvent orné d’une croix, est placé face à l’autel, près du cierge pascal béni durant la nuit de Pâques, celle de la Résurrection du Christ qui préfigure notre propre résurrection. La lumière prise à ce cierge est portée à ceux qui entourent le cercueil. Les lectures de l’ancien et du nouveau Testament, généralement choisies par la famille, rappellent le mystère pascal. On honore la dépouille du défunt, temple de l’Esprit saint, en l’encensant et en l’aspergeant d’eau bénite, rappel de son baptême. Une dernière prière est dite au cimetière si la famille le désire. La crémation, permise maintenant par l’Eglise catholique, ne doit pas se faire avant la célébration des obsèques car c’est le corps qui est au cœur de cette célébration et qui sera déposé au cimetière, étymologiquement lieu de repos, en attente de la résurrection.
Pour aller plus loin : site des RITES FUNERAIRES