Les semaines sociales de France : Religions et cultures, ressources pour imaginer le monde (suite)
Les religions comme source d’espérance
Dans notre numéro de novembre, nous avions commencé à tracer les grandes lignes des sujets abordés lors des semaines sociales d’octobre dernier. Face aux constats posés par Pascal Lamy, Jean-Michel Severino et Patrick Viveret, Bernard Perret, ingénieur et socio-économiste, intervenait sur « les religions, comme source d’espérance ». En ce numéro de Noël, nous revenons sur ce thème de « l’espérance » en retranscrivant les propos de Bernard Perret.
L’espérance est une vertu, une disposition de l’esprit humain qui nous porte à attendre avec confiance quelque chose de bon que nous ne connaissons pas. L’espérance qui habite le cœur de tout être humain, est le socle de la solidarité et ouvre le regard vers l’avenir commun des hommes. Ce qui compte le plus dans cet avenir résulte de circonstances improbables, comme l’a été notre naissance. Nous vivons sous le règne de l’événement porteur de sens mais imprévisible (rencontre, lecture…). C’est souvent à la lumière de cet imprévisible que nous relisons notre vie.
Dans la tradition judéo-chrétienne, le sens nous arrive comme à l’improviste : Dieu est présenté comme faisant toutes choses nouvelles, une bonne nouvelle qui nous est annoncée. Pour les chrétiens, les raisons d’espérer sont contenues dans la promesse d’un salut authentifié à la suite de la résurrection du Christ.
Contre le catastrophisme et les tentations nihilistes, qui ont tendance à nous mettre dans l’inaction, nous sommes solidaires et avons besoin de l’espérance religieuse qui nous met dans un état d’esprit que le Bien et le Bon nous sont promis comme de joyeuses surprises, dans une attente confiante de l’avenir. Les religions ne sont pas ce qui apporte un supplément d’âme ou des motifs de consolation pour nous aider à traverser une mauvaise passe, mais elles sont une source d’une espérance engagée.
Les défis auxquels nous sommes confrontés nous placent dans l’obligation de réinventer le sens de l’aventure humaine et de revenir à cette espérance qui habite le cœur de chaque homme.
Comment l’espérance peut elle se traduire concrètement dans l’action individuelle ?
Nous vous présentons aujourd’hui Marianne Sébastien qui est musicienne, cantatrice, thérapeute par la voix qui a fait chanter les semaines sociales.
Depuis vingt ans, Marianne consacre sa vie aux Boliviens les plus pauvres. « Il faut crier d’amour tous les jours » assure-t-elle. Elle amène les enfants qui travaillent dans les mines à Potosi à libérer leur voix, à chanter leur passion pour pouvoir entendre la beauté du chant qui est en eux, à libérer leur capacité d’agir et à chercher une alternative à leur travail. Elle s’appuie sur les ressources immédiates des enfants et sur leur volonté commune de changer leur monde. Elle se préoccupe également des nombreuses femmes travaillant à la mine et souvent battues. Avec elles, elle organise des cours d’alphabétisation, des ateliers de formation ou d’autodéfense, des réunions de planning familial et met en place un système de microcrédits. Son action est pérennisée dans l’association « Voix libres » qui emploie aujourd’hui cinq cents salariés dont une majorité d’enfants des rues. Pour en savoir plus, consulter le site VoixLibres
Véronique Schweblin