L’inauguration du tunnel du Mont Blanc
Il y a 50 ans le 16 juillet 1965, le Général De Gaulle, président de la République française et Giuseppe Saragat, président de la République italienne inaugurent « le tunnel routier le plus long du monde qui, sous les montagnes les plus hautes d’Europe, relie deux nations déjà fraternellement unies ». Le tunnel sera ouvert à la circulation touristique trois jours plus tard et le 20 octobre suivant à la circulation des poids lourds.
Un projet de plus de deux siècles
L’idée de percer la chaine des Alpes en cet endroit est née lorsque Horace Bénédict de Saussure (1740-1799), naturaliste et géologue suisse considéré comme le fondateur de l’alpinisme prophétisait en 1787 : « Je vois deux vallées où l’on parle la même langue et où les peuples sont les mêmes. Un jour viendra où l’on creusera sous le Mont Blanc une voie charretière et les vallées de Chamonix et d’Aoste seront réunies ». A cette époque, seule la « Traversette », petit tunnel de 75 mètres de long situé à plus de 2 600 mètres d’altitude, reliait le Dauphiné au Piémont et permettait depuis l’an 1480, le passage d’un mulet et d’un homme courbé. Ce tunnel existe toujours et est encore praticable.
Lors de la réorganisation qui suivit l’écroulement du grand empire napoléonien, la municipalité de Courmayeur demanda qu’on passa aux actes ; mais c’était aller un peu vite en besogne. Les études sérieuses datent de la seconde moitié du XIXème siècle et proposent deux solutions : le rail et la route. Le rail fut favorisé et le premier tunnel ferroviaire alpin vit le jour au Col du Fréjus en 1871. Le projet du Mont Blanc s’est heurté aux intérêts politiques et économiques des gouvernements mais il restera néanmoins d’actualité.
Le début des travaux
L’idée est relancée après la 2ème guerre mondiale et la création du tunnel est signée le 14 mars 1953. Après un siècle de projets avortés et dix années d’études et de négociations, le tunnel routier du Mont Blanc devient une réalité. En mai 1953, les travaux de percement sont officiellement lancés ; côté français, c’est un tunnelier de 75 tonnes surnommé « Dumbo » qui permettra de percer le tunnel en moins de trente mois. Le 14 août 1962 marque la jonction des équipes de forage françaises et italiennes. La percée est réussie, l’écart d’axe étant inférieur à treize centimètres. Le tunnel mesure 11,6 Km, a une altitude de 1 274 mètres côté français et 1 381 mètres côté italien. Cinq ingénieurs et trois cent cinquante ouvriers ont participé à la réalisation du projet pour un total de plus de quatre millions six cent mille heures de travail. Sept cent onze tonnes d’explosifs ont été nécessaires pour faire sauter cinq cent cinquante mille m3 de roches et il aura fallu trois cents tonnes de fer pour soutenir la voûte et soixante mille tonnes de ciments. Le coût total était estimé à dix milliards de francs mais il sera largement dépassé.
Nous avons tous en mémoire le terrible drame du 24 mars 1999, provoqué par l’incendie aussi violent qu’un pétrolier de trente tonnes d’un camion transportant de la farine et de la margarine et qui fit trente-neuf morts dont un pompier français et un secouriste italien. Après cette catastrophe, le tunnel resta fermé trois ans. De longs travaux de réparation et de sécurité ont été entrepris :
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niches tous les 100 mètres,
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poste de secours au centre du tunnel avec plusieurs pompiers en permanence dans ce local,
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abris reliés à une galerie d’évacuation indépendante sous la chaussée,
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une salle de commande unique côté français et une deuxième côté italien en secours,
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traversée interdite aux véhicules polluants et aux camions transportant des matières dangereuses,
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limitations de vitesse strictes,
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intervalles entre véhicules (150 mètres en circulation, 100 mètres à l’arrêt.
A son inauguration, le tunnel du Mont Blanc était le plus long au monde ; il permet une réduction de parcours de 60 kilomètres entre Chamonix et Aoste.