Loi de Dieu, loi de la République
Qu’est-ce que la loi de Dieu pour nous chrétiens ? C’est la loi qui exprime l’amour de Dieu pour tous les hommes, un amour qui ne fait pas de préférence entre les hommes, quelles que soient la couleur de peau, la culture ou la religion. Même si dans l’histoire les chrétiens n’ont pas été toujours fidèles à cette loi, c’est elle qui doit s’imposer à chaque baptisé aujourd’hui.
Qu’est-ce que la loi de la République ? C’est ce qui permet à une société de vivre et de s’organiser dans un contexte donné. Dans un autre temps, en 1905 la République a voté une loi de séparation qui s’est imposée à la religion catholique très majoritaire. Il est bon d’en connaître par cœur les deux premiers articles :
- article 1 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public ».
- article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ».
Plus d’un siècle après, en 2021 la loi contre le séparatisme religieux vise, non à annuler la première, mais à conforter le respect des principes républicains dans un contexte nouveau, celui d’une société pluriculturelle et pluri-religieuse. Nos gouvernants sont dans leur rôle pour éviter que chacun soit tenté d’imposer sa vision de la société au nom de sa façon d’interpréter la loi de Dieu. Car le risque est bien réel chez certains de s’éloigner du texte fondateur pour imposer sa propre interprétation. Aristide Briand ne s’y est pas trompé, lui qui en 1905, en préambule de son rapport sur le projet de loi de séparation, commençait par citer l’Évangile, le texte fondateur des chrétiens : « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu ».
Jésus a respecté le pouvoir en place alors qu’il était celui de l’occupant romain. La loi de la République aujourd’hui doit s’imposer à tous pour éviter le risque réel que chacun, revendiquant sa religion comme supérieure aux autres, ne soit tenté d’imposer un ordre politico-religieux normatif pour tous ! Oui, en ce sens, il est juste de dire que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu, car elle garantit la liberté de conscience, la liberté de culte… et la paix. Dire cela, ne remet pas en cause la nécessaire liberté et même le devoir des citoyens croyants de discuter, voire de s’opposer à des choix et des orientations de nos gouvernants. C’est ainsi que l’on peut débattre de certains aspects de ce projet de loi contre les séparatismes comme le font les autorités religieuses. C’est aussi la raison de certaines positions fortes des religieux sur certaines questions éthiques et sociétales qui posent de graves questions morales ou remettent en cause le bien commun confié à l’homme par le Créateur.
Non seulement, Jésus ne s’est pas rebellé contre l’ordre politique imposé par un occupant extérieur mais Il a même demandé à ses disciples de payer leur impôt à l’empereur. Il a simplement affirmé que son Royaume n’était pas de ce monde. (St Jean XVIII, 36). « Je suis né et je suis venu dans le monde pour parler de la Vérité ». Soyons sans cesse échos de cette vérité qui n’est autre que la vérité de l’Amour, celle surtout qui défend la dignité de tout homme, en particulier du plus faible et du plus innocent. Soyons disciples, cas contact de Jésus, non mis en quarantaine mais communiquant de la liberté que donne l’Évangile vécu quotidiennement.
Baudoin, prêtre