Marc CHAGALL, un peintre témoin de son siècle
L’exposition « Chagall, entre guerre et paix », proposée dans les très belles salles du musée du Luxembourg à Paris, met en évidence la relation ténue de l’artiste qui a connu révolution, guerres mondiales et exil, avec son temps. Mais qui était vraiment celui qui se définissait comme un artisan saltimbanque ?
Né en 1887 à Vitebsk en Biélorussie dans une famille juive, Moïshe Chagalov commence l’apprentissage de la peinture dès 1906 guidé par le peintre Yehuda Pen. Il perfectionne ensuite son éducation artistique à l’école de la société impériale à Saint Pétersbourg ; c’est dans cette ville qu’il rencontre Bella Rosenfeld, dont il tombe immédiatement fou amoureux. Un mécène, Maxime Vinaver, lui offre une bourse qui va lui permettre de se rendre à Paris, à l’époque la ville lumière qui attire un grand nombre d’artistes. Il francise son nom qui devient « Chagall », « avec deux ailes …», aimait-il à ajouter. Il rencontre aussi les plus grands poètes et peintres, Max Jacob, Blaise Cendrars, Robert et Sonia Delaunay et surtout Guillaume Apollinaire qui lui dédie son poème Rodsoge. Il peint quelques unes de ses toiles les plus célèbres, A la Russie, Le Violoniste, Moi et le Village…
Presque dix années d’exil aux Etats-Unis
Il retourne à Vitebsk en 1914 et retrouve là bas son grand amour Bella ; ils se marieront en 1915, mais la déclaration de la guerre l’empêche de revenir en France. Tout en continuant à peindre, il occupe la fonction de commissaire aux beaux arts pour la région de Vitebsk puis s’installe à Moscou en 1920. Il reviendra à Paris en 1923 pour se consacrer surtout à la gravure, une première rétrospective lui est consacrée en 1924. Après son premier voyage en Palestine en 1931, il travaille sur les gouaches préparatoires de la Bible, qui deviendra un sujet central dans son œuvre. Il obtient la nationalité française en 1937 ; c’est aussi au cours de cette année que certaines de ses œuvres sont montrées à « l’exposition d’art dégénéré » organisée par les nazis. En 1939, à la déclaration de la guerre, il se réfugie d’abord à Gordes dans le Vaucluse, puis, à l’invitation du Museum of Modern Art, quitte l’Europe pour rejoindre New-York. Il retrouve là-bas, Léger, Bernanos, Breton et Matisse qui deviendra son marchand pour les Etats-Unis ; c’est aussi à cette époque que Bella décède. Suivra une longue période pendant laquelle il ne peut toucher un pinceau.
Il se consacre presqu’entièrement à l’art monumental
Il revient en France en 1948, à Orgeval, pas très loin de chez nous, puis à Vence, dans l’arrière-pays niçois. Parallèlement à son travail de gravure et d’illustration, il peint de nombreuses fresques ou vitraux dans chapelles, églises ou cathédrales, à Assy en Haute-Savoie, Metz, Jérusalem, Zurich, Sarrebourg, Mayence, Les Arcs dans le Var, Chichester et Tudeley au Royaume-Uni. Pendant de nombreuses années, il se consacre surtout à l’art monumental ; il peint le plafond de l’Opéra de Paris, réalise des peintures murales pour le Metropolitain Opera de New-York, la mosaïque des « Quatre saisons » à Chicago, etc. Un musée lui est entièrement consacré à Nice ; c’est la première fois qu’un artiste reçoit un tel honneur de son vivant. Après une dernière séance avec son ami lithographe, Charles Sorlier, il s’éteint en 1985, à l’âge de 97 ans, dans sa maison de Saint-Paul de Vence et repose maintenant dans le cimetière du village.
L’exposition qui lui est consacrée au musée du Luxembourg s’articule autour des quatre grandes périodes de sa vie ; 1914 d’abord, lorsque Chagall revient à Vitebsk après son premier séjour à Paris, puis en 1922, alors qu’il quitte définitivement la Russie pour vivre en France ; cette période est surtout occupée par du travail de gravure, technique apprise à Berlin, pour des livres, comme les Fables de La Fontaine, la Bible ou les Ames Mortes de Gogol ; vient ensuite l’exil à New-York, toutes les horreurs de la guerre occupent alors ses tableaux et enfin le retour en France, peu représenté car consacré à des réalisations monumentales qu’il est difficile de présenter dans le « petit » musée du Luxembourg.
Vous avez jusqu’au 21 juillet pour admirer les toiles de ce peintre qui n’appartient à aucune école et qui a si bien su faire onduler ses silhouettes qui semblent s’envoler vers on ne sait quel destin…
Exposition « Chagall, entre guerre et paix », du 21 février au 21 juillet 2013, au musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006, Paris, infos sur le site ou par téléphone au 01 40 13 62 00.
Durant cette année 2013, de nombreuses expositions sur Chagall sont également proposées à Nice, au musée Marc Chagall, à Vence au château de Villeneuve et à l’office du tourisme de Saint-Paul de Vence.