Mes soeurs et moi
Bonjour ! Vous vous souvenez de moi, Maya, Maya l’abeille. Il y a déjà quelques années que j’ai fait les délices de vos enfants, voire vos petits-enfants. Il est question que l’on me remette au goût du jour et que je revienne sur les petits écrans.
Mais trêve de bavardage ; je ne viens pas vous parler de moi mais de mes sœurs, les abeilles domestiques qui sont en réel danger, menacées par les pesticides, insecticides, parasites, champignons, importation d’abeilles d’autres espèces et le tout dernier mais pas le moins féroce : le frelon asiatique. Et pourtant, elles jouent un rôle important dans la vie des hommes ; en effet, elles interviennent à 80 % pour la pollinisation des fleurs et pour 35 % dans la production de la nourriture humaine.
Petit rappel sur cette société bien organisée qu’est une ruche, un ensemble de 40 à 60 000 individus, capables de communiquer entre eux, de surmonter leur agressivité, dotés d’une mémoire leur permettant de se souvenir de leur rang social. Au cœur, il y a évidemment la reine qui ne s’accouple qu’une seule fois dans sa vie et dont le rôle principal est de pondre des œufs qui seront ou non fécondés, car de cela dépend le sexe des abeilles à venir ; seuls les œufs fécondés donneront naissance à des femelles et donc des ouvrières. Des autres naîtront quelques centaines de mâles ou faux-bourdons qui, en dehors de la période d’accouplement, entretiendront la chaleur ou la fraîcheur de la ruche ; petit bémol : ils sont incapables de se nourrir seuls.
Le travail des ouvrières qui sont stériles, est primordial et durant leur courte vie, elles participent à toutes les tâches que requiert la ruche. Les trois premiers jours, elles sont nettoyeuses, veillant à la propreté des cellules ; puis jusqu’au dixième jour, elles deviennent nourricières, distribuant la gelée royale à toutes les larves. Les dix jours suivants sont consacrés au débarras des détritus, des cadavres des abeilles mortes, au déchargement du nectar et du pollen récoltés par les butineuses rentrant à la ruche, à le travailler et le disposer dans les alvéoles, à emmagasiner le miel dans les cellules de réserve.
La quatrième étape les transforme en bâtisseuses de rayons, assemblant les fines lamelles de cire pour la construction des alvéoles, afin de devenir entre le 18ème et le 21ème jour des gardiennes, défendant la ruche des pillards comme les bourdons, guêpes et même abeilles des ruches voisines. Vient enfin l’envol vers le pollen et le nectar des fleurs pour la production du miel, tâche qu’elles accompliront jusqu’à leur mort, soit environ le 24ème jour.
Heureusement, des hommes se sont mobilisés pour lutter contre l’alarmante mortalité de mes sœurs et des mesures de protection sont enfin à l’étude et mises en application pour quelques-unes, mais de nombreux progrès sont encore à faire pour enrayer ce fléau.
Bon, voici un rayon de soleil et je vais faire mon marché de pollen mais n’oubliez pas que : « si les abeilles venaient à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quatre années devant elle » ; entre nous, cette citation est attribuée à tort à Albert Einstein ; elle n’en reste pas moins à méditer.