Nelson Mandela, un symbole de la réconciliation et du pardon
Après le mahatma Gandhi et le pasteur Martin Luther King et pour continuer dans la lignée des personnalités qui ont marqué le XXème siècle, je vous propose dans ce numéro de découvrir un autre grand apôtre de la paix, le Sud-Africain Nelson Mandela.
Rolihalahla (ce qui en Xhosa signifie « fauteur de troubles ») Dalibhunga Mandela est né en 1918 à Mvezo. Son père est chef du clan Madiba et membre de la dynastie des Thembu, un des principaux groupes culturels d’Afrique du Sud et surtout une tribu dans laquelle les décisions sont prises démocratiquement après avoir consulté puissants et humbles, une pratique qui va l’inspirer tout au long de sa vie. Dès le premier jour d’école, on lui attribue un prénom anglais, ce qui était courant à l’époque, les blancs refusant de prononcer un prénom africain considéré comme « non civilisé » ; il va s’appeler Nelson !
Grâce à son sang royal et à ses relations, il va réussir à intégrer Fort Hale, seule université d’Afrique du Sud que pouvaient intégrer les gens de couleur. C’est d’ailleurs dans cette école, dans laquelle il étudie le droit, qu’il va rencontrer Oliver Tambo, futur président du Congrès National Africain (ANC). Après des années de galère, il sera boxeur amateur, gardien dans une mine, employé de bureau, puis enfin fondera le premier cabinet d’avocats noirs. Dans le but de combattre l’apartheid, il adhère en 1944 à l’ANC au sein duquel il participe à l’organisation de la désobéissance civile. Après avoir été arrêté une première fois en 1956, il prend part en 1960 à la manifestation de Sharpeville, au cours de laquelle les forces de l’ordre tirent sur les manifestants, faisant plus de soixante morts…
A la suite de ce massacre, l’ANC est interdit, Nelson Mandela entre alors dans la clandestinité et prend la tête du mouvement armé de cette association, organisant les sabotages et la guérilla.
Il est arrêté une nouvelle fois en août 1962. Cette fois, lui et ses compagnons risquent la peine de mort : ils sont accusés d’avoir tenté de renverser le pouvoir en place. Il assurera lui-même sa défense au cours de ce long procès ; il en profitera au passage pour affirmer à nouveau ses convictions : « j’ai combattu la domination blanche et la domination noire, je chéris l’idéal d’une société libre et démocratique où chacun vivra en harmonie et dans l’égalité des chances… »… Le 11 juin 1964, ils sont condamnés à la perpétuité !
Cependant, vers la fin des années 80, les pressions internationales se font de plus en plus fortes, ce régime de ségrégation scandalise de nombreux états qui décident de « boycotter » l’Afrique du Sud ; aussi, en 1989 un nouveau président est élu, Frederik de Klerk. Plus libéral et ayant des idées progressistes, il va d’abord réhabiliter l’ANC, abolir l’apartheid et enfin décider la libération de Nelson Mandela qui va quitter la prison le 11 février 1990, après près de vingt-sept ans de captivité !
Après sa libération, il n’a de cesse de prêcher la paix et la réconciliation, en particulier auprès des jeunes qui supportent de plus en plus mal la vie miséreuse qu’ils mènent dans ce que l’on appelle les « townships ». C’est entre autres pour cette action qu’il recevra avec Frederik de Klerk en 1993 le prix Nobel de la Paix.
Après des élections multiraciales, une première, Nelson Mandela est élu président d’Afrique du Sud en 1994, un véritable évènement… Pendant tout son mandat qui va durer cinq ans, il mettra tout en œuvre pour que la réconciliation soit effective, ce qui n’est pas une mince affaire, compte-tenu du lourd contentieux qui existe entre les deux communautés, mais lorsqu’il laisse sa place à Thabo Mbeki, en 1999, une grosse partie du travail est accomplie et il décide de quitter la politique, sans abandonner pour autant la lutte contre la pauvreté et la misère, un combat qu’il mènera jusqu’à sa mort le 5 décembre 2013.
Une de ses grandes fiertés aura été sans doute de remettre la coupe du Monde de rugby au capitaine de l’équipe sud-africaine, François Pienaar le 24 juin 1995. Il portait ce jour là le maillot de l’équipe des « springboks » ; ce titre venait consacrer la victoire d’une nation qui sortait de longues années d’isolement, un grand moment empli d’émotion, dont tous les témoins se souviennent !
Dans un livre « Un long chemin vers la liberté », publié aux éditions Fayard, il raconte ses mémoires, de son enfance à son élection à la tête de la république d’Afrique du Sud, en passant par ses années d’emprisonnement et sa libération en 1990.
C’est une belle histoire, on croirait même un vrai conte de fée, que celle de celui que l’on a surnommé avec tendresse « Madiba » : vingt-sept longues années de prison, un prix Nobel de la Paix et cette élection en tant que premier président noir de son pays… quel destin ! Il restera dans les mémoires comme un exemple du pardon : « le pardon libère l’âme, il fait disparaître la peur, c’est pourquoi le pardon est une arme si puissante ».