Noël chez nos voisins
Après avoir évoqué l’an dernier les Noëls d’antan de nos provinces, je vous invite au voyage chez quelques-uns de nos voisins européens
En Pologne,
Noël est la fête de famille la plus importante de l’année. Les préparations commencent dès le début de l’Avent. Une des traditions est la fabrication des crèches et des décorations pour le sapin et la table par les enfants. Noël dure deux jours, mais la journée la plus importante est le 24 décembre. La plus proche famille se réunit dans la soirée autour du sapin. Le menu est composé de douze plats différents. La nourriture doit être simple, sans viande ni alcool. Pour la préparation de la table, on glisse de la paille sous la nappe blanche pour rappeler que Jésus est né dans une étable. Attendue par les enfants, l’apparition de la première étoile annonce le début de la fête. Avant de commencer le repas, chaque convive partage le pain azyme (oplatek) marqué de scènes de la Nativité, en s’offrant leurs vœux les meilleurs. Une fois le dîner terminé, on distribue les cadeaux et on chante des chansons de Noël avant d’aller à la messe de minuit. Le 25 et le 26 décembre, les Polonais se rendent visite, toujours en famille, et passent ces deux journées le plus souvent à table, car la viande est désormais permise et il ne reste qu’à consommer toute la nourriture si précieusement préparée.
En Allemagne
Les fêtes de fin d’année sont gourmandes, joyeuses et féeriques. Ce n’est pas la naissance du Christ qui est évoquée, mais la messe de la nuit de Noël, comme au Royaume-Uni.
Dès le premier dimanche de l’Avent, c’est l’ouverture des marchés de Noël qui investissent les places des villes et des villages. On visite en famille les innombrables crèches figuratives ou vivantes qui se dressent partout. En plein air, on se réchauffe avec du vin chaud épicé sur lequel on flambe un pain de sucre. A la Saint-Nicolas sont confectionnés des Spekulatius et des petits biscuits en forme d’animaux. D’autres friandises souhaitent également la bienvenue à l’Evêque Bienfaiteur et son alter ego au bâton, le Père Fouettard. Les Allemands attachent beaucoup d’importance à la décoration de la maison. Des couronnes de sapin sont accrochées aux portes d’entrée et des bougies électriques sur les rebords des fenêtres. On dresse et décore les sapins avec des boules de verre, des sujets en pains d’épice, des roses en papier. Le 26 décembre est férié et consacré à la visite des familles et des amis.
En Grèce
Pays orthodoxe qui a adopté le calendrier grégorien, la naissance de Jésus est célébrée le 25 décembre et non le 7 janvier comme en Russie. La période des fêtes débute la veille de Noël et se termine le jour de l’Épiphanie. Le 24 décembre, les petits enfants passent dans les maisons pour dire et chanter les calanda (petits poèmes et sortes de cantiques retraçant l’histoire de Noël et de la nouvelle année), tout en agitant leur trigona (triangle musical en acier sur lequel on frappe avec une baguette). Reçus très chaleureusement, ils sont récompensés de quelques pièces, de fruits, de kourabiedes (petites galettes recouvertes de sucre glace) ou de melomacarona (gâteau à base de noix et de sirop de miel).
Le repas de réveillon est frugal et clôt une période de jeûne de quarante jours. On se couche tôt pour assister à la messe qui commence à quatre heures du matin. Au retour de l’église, toute la famille partage ensemble du miel, des fruits secs et du Christopsomo (pain du Christ) sorte de galette aux noix que la maîtresse de maison a préparée la veille et où elle a pris soin de laisser l’empreinte de sa main, symbole de la marque des doigts du Christ, preuve qu’il est né. Les cadeaux ne sont pas distribués à Noël mais le 1er janvier au moment où les Grecs fêtent saint Basile.
En Suède
La fête de Noël éclaire la longue nuit qu’est l’hiver nordique. Dès le premier dimanche de l’Avent, tous les habitants, entreprises, magasins, administrations accrochent une couronne de sapin à leur porte ainsi que des bougies illuminées sur leurs fenêtres. A la sainte Lucie, le 13 décembre, des défilés se forment dans la rue et chacun se régale de brioche au safran, au goûter dans les écoles ou au petit déjeuner du lendemain en famille. Les Suédois accrochent des petites figurines sur les vitres et installent des lumières scintillantes et des petits gnomes sous le sapin. C’est la veillée du 24 décembre qui représente le grand moment des festivités. Le repas traditionnel illuminé par de nombreuses bougies et suivi de la distribution des cadeaux et de quelques vers en rimes, forment le cœur même de la fête. Les principaux mets traditionnels sont le jambon bouilli puis grillé, le fromage de porc, les saucisses, la bouillie de riz et différentes sortes de hareng mariné, le tout accompagné de soda ou de bière de Noël ; sans oublier le petit verre d’eau-de-vie avec le hareng.
Au Luxembourg
Noël est avant tout une fête familiale, caractérisée notamment par de grands regroupements familiaux autour de repas copieux. Les enfants sont les premiers à la fête avec l’arrivée en hélicoptère, train ou même sur l’âne du Klesschen (saint Nicolas) et du Hoséker (père Fouettard). La nuit du 5 au 6 décembre, près des chaussettes de chaque enfant, des gourmandises mais aussi un verre de vin les attendent pour les aider à prendre des forces. Jusqu’à Noël, les enfants se régaleront de bonshommes briochés. Le sapin décore les foyers deux à trois semaines avant Noël sans oublier la couronne de l’Avent et ses quatre bougies faite de branches de sapin, de pin, de houx ou parfois de gui, achetée ou fabriquée par la majorité des foyers. De nombreux marchés de Noël, cortèges, crèches, rues illuminées, magasins décorés, concerts et autres animations créent une ambiance magique de fête dans tout le pays.
Autrefois, après la messe de minuit, de nombreux Luxembourgeois mangeaient des Träipen, boudins noirs à la purée de pommes de terre et à la compote de pommes. Aujourd’hui, les repas sont un peu moins typiques : dinde, fondue, fruits de mer, bûche de Noël, stollen… De nombreux plats typiquement luxembourgeois y sont toutefois consommés comme les Gromperekichelcher (galettes de pommes de terre), le Glühwäin (vin chaud) ou le Egg Nogg (boisson au lait sucré, à la crème fraîche, à la vanille et au rhum).
Et quant à toute cette ambiance s’ajoute encore un paysage enneigé, Noël ne peut être que parfait aux yeux des Luxembourgeois.