Orthodoxes ou Chrétiens d’Orient
A l’occasion de la semaine de prières pour l’unité des chrétiens, nous avons souhaité mieux connaître nos frères orthodoxes qui représentent 12% des chrétiens.
Le mot « orthodoxe » est un piège car il signifie « conforme à la vraie foi religieuse » à celle définie comme vraie, ce qui, en réalité, est aussi le cas du catholicisme ; alors pour plus de clarté, on parle souvent des « chrétiens d’Orient ».
Un rappel historique s’impose.
Jésus est appelé « Christ » nom correspondant, en grec, à l’hébreu Messie qui signifie envoyé de Dieu, celui que les juifs attendaient mais qu’ils n’ont pas reconnu, entraînant une coupure progressive du judaïsme et du christianisme.
Des origines communes.
Dès le IIème siècle, une abondante littérature chrétienne relate la vie de Jésus. Vers 180, est fixé le « canon » : les quatre évangiles, les épitres des apôtres, puis on y intégrera les Actes des apôtres où Luc retrace l’annonce de la « bonne nouvelle » aux confins de la terre et l’Apocalypse écrit pour soutenir l’espérance des chrétiens au temps des persécutions. Rédigés à partir de récits fragmentaires ou de traditions orales, les évangiles canoniques ne sont pas des récits historiques mais des témoignages en vue de susciter la foi.
Au IVème siècle, suite à la conversion de l’empereur Constantin, le christianisme devient religion d’état ; le dimanche depuis lors est férié et les fêtes chômées sont essentiellement chrétiennes. Pour surveiller la frontière orientale de son empire, Constantin fait de Byzance une seconde Rome qui prend le nom de Constantinople. L’Eglise primitive qui possède alors une doctrine unique, dite « orthodoxe », va rapidement être menacée par les hérésies comme l’arianisme qui proclame que seul le Père est « incréé ». Pour récuser cette erreur, Constantin convoque le concile œcuménique(1) de Nicée qui affirmera que « Jésus est Dieu, né de Dieu …engendré, non pas créé, consubstantiel au Père ». Au Vème siècle, les invasions barbares ébranlent l’empire d’occident (sac de Rome en 476) au profit de celui d’orient qui, dès le VIIème siècle, devra faire face à l’émergence de l’Islam. Les conciles se succèdent : Constantinople, Ephèse, Chalcédoine qui définissent la foi orthodoxe de l’Eglise chrétienne, mais tous n’y adhèrent pas et, en se séparant, donnent naissance à des églises dissidentes comme celle des Jacobites en Syrie. On compte alors cinq « patriarcats(²) » : Constantinople, Antioche, Alexandrie, Jérusalem et Rome ; la suprématie de cette dernière, siège de la papauté, est incontestable et le restera sauf courtes parenthèses au XIVème siècle (papauté à Avignon 1309-1375). Quant au patriarcat de Kiev (Russie), il est né de l’attirance du prince Vladimir 1er, baptisé en 988, pour la beauté du culte byzantin. Les deux chrétientés d’orient et d’occident élargissent leurs territoires grâce au développement de l’évangélisation de part et d’autre de leurs frontières.
Le divorce : peu à peu le fossé s’est creusé entre les deux ensembles chrétiens. La papauté voulait établir son autorité de façon universelle ce que Constantinople refusait.
En 1054, la rupture est consommée, pape et patriarche s’excommunient mutuellement, si ce n’est pas la première fois celle-ci semble bien définitive… à moins que n’aboutisse la tentative de rapprochements comme celle toute récente du pape François et du patriarche Cyrille de Moscou…
(1) Œcuménique signifie : universel
(2) Patriarcat : territoire où s’exerce l’autorité d’un patriarche, chef de certaines églises.