Où trouver le chemin de l’espérance ?
Comment avoir une espérance quand les crises se multiplient et que l’avenir devient sombre ? Il semble bien que l’espérance soit difficile, voire impossible pour beaucoup. Je lis qu’en France le nombre des naissances ne cesse de baisser et que celui des avortements augmente. Voilà bien un signe de la difficulté d’espérer chez bon nombre d’entre nous.
Et pourtant, si j’allais à Gaza ou dans un village du Soudan, je suis sûr que je trouverais de l’espérance chez beaucoup de personnes. Je pourrais y trouver des jeunes amoureux avec des projets, des femmes enceintes et beaucoup de solidarités. Je lisais cela dans un récit de la vie à Gaza. Un habitant avait ce mot : « nous partageons tout avec le rien que nous avons ». Voilà qui nous met sur le chemin de la mystérieuse espérance. Une espérance qui ne vient pas d’ailleurs que du plus profond du cœur de l’homme ! Et rien n’est plus beau que le cœur de l’homme, en sa profondeur, en sa vérité !
Je découvre ce trésor dans beaucoup de rencontres, loin des projecteurs, loin de la course folle de ce monde où des hommes ambitionnent de réussir, tiennent à leur fonction et en sont fiers. Quand je regarde ces derniers, plus encore quand je les côtoie, je perds toute espérance. Je désespère tout simplement si je me considère important avec mon statut et un rôle, à l’aise dans un monde dématérialisé, courant après les quelques rêves que m’offre notre société de consommation.
Il faut vivre des ruptures et ma vie de simple prêtre m’en donne l’occasion chaque jour… Une famille éprouvée par la maladie ou le deuil, la rencontre de tant d’invisibles non reconnus et si mal payés mais dont le travail est indispensable à la marche de notre société, l’espérance et le sourire de tant d’hommes et de femmes qui ont fui la guerre ou la violence et qui se retrouvent sans statuts, sans famille, dans la galère des régularisations, …
Sur les chemins de l’espérance, nous sommes forcés de quitter les chemins des apparences et surtout de tourner le dos aux chemins de ceux qui se voient bien-pensants ou bien-faisants. Elle est bien vraie cette Parole de Jésus :« Je te loue, Père du ciel, car Tu as caché les mystères du Royaume des cieux à ceux qui se pensent sages et savants, et Tu l’as révélé aux humbles ». L’espérance est sans doute ce trésor qu’on découvre dans un champ. L’ayant trouvé, on vend tout ce qu’on a pour acheter ce champ. Ce champ, c’est le cœur de l’homme, le cœur de l’homme en sa profondeur et en sa vérité, capable de tendresse et de compassion infinie.
Frère Baudoin, prêtre.