Pas de foi sans confiance
Dans un précédent texte, nous évoquions la Foi en précisant qu’elle implique de notre part, une confiance absolue envers notre Dieu qui ne nous veut que du bien. Etymologiquement, le mot latin « fides » signifie « foi » et « confiance ». Une foi sans confiance n’est qu’une croyance sans suite.
En méditant l’exemple de la Vierge Marie (Luc 1, 26-38), on voit que par sa foi elle a trouvé grâce auprès de Dieu ; c’est pourquoi l’ange Gabriel, le messager de Dieu, lui annonce qu’elle donnera au monde le Sauveur tant attendu. Bien sûr, Marie est troublée. L’ange du Seigneur lui fait comprendre qu’à Dieu, il n’est rien d’impossible. Alors dans une confiance extraordinaire, elle accepte la mission qui lui est proposée en disant humblement : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon sa parole ». (Luc 1,38).
Cet engagement sans réserve est extraordinaire car Marie sait que, dans l’immédiat, elle risque la lapidation. En effet, selon la loi de l’époque chez le peuple hébreu, une fiancée qui attend un enfant d’un homme autre que son fiancé, est considérée comme adultère et doit être lapidée. En confiance, elle accepte malgré tout la mission sans savoir quelles en seront les conséquences, ni jusqu’où cela va l’amener, elle et son futur enfant.
Plus tard, on retrouve Marie et Jésus à des noces à Cana (Jean 2, 1-10). Marie, bien qu’invitée, est malgré tout attentive à tout ce qui se passe autour d’elle. Elle remarque qu’il y a pénurie de vin ce qui risque de ternir l’éclat de la fête. En confiance, elle en parle à Jésus qui n’apprécie pas la démarche de sa mère. Marie, qui connait bien son fils, toujours confiante, invite les serviteurs à faire tout ce qu’il leur commandera. On connaît la suite, la fête est sauvée.
Quelque temps après lorsqu’à la demande des apôtres, Jésus nous apprend à prier, il nous enseigne la prière dite du « Notre Père ». Dans cette prière, il y a cette phrase : « …que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel… ». Personne ne peut prétendre connaître la volonté de Dieu ! Par cette prière, comme Marie lors de l’annonce de l’ange, nous nous engageons à y adhérer pleinement avec cette confiance chevillée au corps quoiqu’il advienne.
A ce stade de notre réflexion, il convient de nous rappeler que Dieu ne nous veut que du bien ; il n’y a aucun marchandage à la clé. Une quelconque souffrance ou mort ne sont pas des monnaies d’échange pour accéder à l’Amour de Dieu et à son paradis. Tout nous est donné gratuitement. Si les aléas de la vie nous entraînent dans des souffrances parfois très dures, Dieu les vit avec nous et nous aide à les surmonter.
Jésus, également, nous montre l’exemple le soir de son arrestation. Il avait encore la possibilité d’arrêter là sa mission. Il sait ce qu’il risque d’endurer, il ne fuit pas ; sa foi dans l’amour du Père est sans faille. Que serait l’Amour de Dieu s’il s’arrêtait à la moindre difficulté ? Sur la croix le Christ a souffert ; il a lutté pour aller jusqu’au bout de sa mission par amour du Père et par amour pour l’humanité qu’il a voulu sauver à tout prix, y compris au risque de la mort. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne » (Jean 10, 18). Il dira également, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15, 13) ! Jésus a tenu le coup au cœur de la violence et de la haine ; son amour a été le plus fort et sa résurrection témoigne de sa victoire contre le mal. Le christ meurt sur la croix à cause de nos violences. Ce n’est pas la souffrance du christ qui nous sauve, mais c’est son amour, jusqu’au bout, pour l’humanité qui nous sauve.
Et nous chrétiens, dans ce monde plein de souffrances, de trahisons, de violences, de tentations et de faux dieux, quelle est notre foi ? Est-elle synonyme de confiance totale en notre Créateur ? La peur de l’inconnu fait-elle vaciller notre confiance ? Sommes-nous paralysés dans nos élans généreux du fait de notre incapacité à prévoir l’avenir ? Baissons-nous trop rapidement les bras face aux difficultés ? Si tel est le cas, prions le Christ afin qu’il nous aide à comprendre quelle est la volonté du Père, à dépasser nos peurs et qu’il fasse grandir en nous la foi et la confiance dans un amour partagé gratuitement.