Quarante-cinquième voyage du pape François

A 87 ans, le pape a entamé un voyage de tous les records : 45e, le plus long de son pontificat, pour un pape plus âgé qu’aucun de ses prédécesseurs. Avec sa santé fragile, certains craignaient que cela ne soit son dernier. Mais François espère toujours pouvoir aller en Chine…

Mercredi 4 septembre en Indonésie

Lors de sa rencontre avec le clergé indonésien, le pape s’est appuyé sur les trois mots de la devise de son voyage, « Foi, fraternité, compassion » ; il a insisté sur l’importance de l’annonce de l’Évangile « toujours avec un grand respect et une affection fraternelle pour chacun ».

Foi : la création divine aide à croire

« Regarder la Création divine avec des yeux d’enfants nous aide à croire », a indiqué le Souverain pontife.

Fraternité : différents comme deux gouttes d’eau

Le pape François a assuré qu’« être frères signifie s’aimer en se reconnaissant différents comme deux gouttes d’eau ». Car il n’existe pas deux gouttes d’eau semblables, comme il n’existe aucune personne complètement identique à une autre.

« Dans le contexte indonésien, cette fraternité prend un sens particulier, a continué François, à travers les multiples réalités culturelles, ethniques, sociales ou religieuses. Cela est important, parce qu’annoncer l’Évangile ne signifie pas imposer ou opposer sa propre foi à celle des autres, mais donner et partager la joie de la rencontre avec le Christ, toujours avec un grand respect et une affection fraternelle pour chacun », a ainsi insisté le Saint-Père.

Compassion pour redonner espoir

La compassion ne consiste pas à faire l’aumône aux nécessiteux « en les regardant de haut en bas, de la « tour » de sa propre sécurité », mais au contraire, pour François, il s’agit de « nous rapprocher les uns des autres, en nous dépouillant de tout ce qui nous empêche de nous abaisser pour entrer vraiment en contact avec ceux qui sont à terre, et ainsi les relever et leur redonner espoir ».

« La compassion n’obscurcit pas la vision réelle de la vie ; au contraire, elle nous fait mieux voir les choses, à la lumière de l’amour, a-t-il estimé, ajoutant que la compassion signifie souffrir, accompagner dans ses sentiments celui qui souffre et l’embrasser ».

Jeudi 5 septembre en Indonésie

Rencontre interreligieuse à la mosquée Istiqlal de Jakarta : créer des liens entre les différences

Le pape François fut accueilli par l’imam Nasaruddin Umar pour une rencontre placée sous le signe de la fraternité entre chrétiens et musulmans d’Indonésie. Une déclaration commune intitulée « Promouvoir l’harmonie religieuse pour le bien de l’humanité » a été signée pour renforcer la collaboration entre les religions, favoriser le dialogue face aux crises et pour protéger la Création.

Ce fut l’un des rendez-vous parmi les plus importants de l’étape indonésienne du pape François. La rencontre interreligieuse, au sein de cette mosquée, la plus grande d’Asie du Sud-Est (elle peut accueillir cent vingt mille personnes), concrétise l’esprit de dialogue entre les différentes religions qui coexistent pacifiquement dans le pays. D’emblée, pour souligner les bonnes relations entre chrétiens et musulmans, François a rappelé que l’architecte qui a conçu la mosquée était chrétien. Qu’un chrétien dessine une mosquée « témoigne du fait que, dans l’histoire de cette nation et dans la culture que l’on y respire, la mosquée, comme les autres lieux de culte, sont des espaces de dialogue, de respect mutuel, de coexistence harmonieuse entre les religions et les différentes sensibilités spirituelles », observa François.

Il a ainsi développé sa pensée sur le rôle des religions : « aider chacun à traverser le tunnel les yeux tournés vers la lumière », et ainsi reconnaître « un frère, une sœur, avec qui nous pouvons partager la vie et nous soutenir réciproquement ». Ce qui est important, a-t-il souligné, « c’est de créer une liaison entre nos différences, de veiller à cultiver des liens d’amitié, d’attention, de réciprocité ». C’est-à-dire s’ouvrir à l’autre, apprendre de la tradition religieuse de chacun, savoir s’entraider. C’est ainsi qu’il sera possible de marcher ensemble pour « la défense de la dignité humaine, la lutte contre la pauvreté, la promotion de la paix ».

Samedi 7 septembre en Papouasie Nouvelle Guinée

« Allez aux périphéries du pays »

Dans l’église où il rencontrait le clergé et les consacrés à Port Moresby, le pape a demandé aux catholiques papous d’aller « aux périphéries du pays » : « Je pense aux personnes issues des milieux les plus défavorisés des populations urbaines, ainsi qu’à celles qui vivent dans les zones les plus reculées et abandonnées, où parfois le nécessaire fait défaut, a-t-il dit. Et encore à celles qui sont marginalisées et blessées, aussi bien moralement que physiquement, par les préjugés et les superstitions ».

Le pape a demandé aux catholiques de chercher à collaborer avec les institutions politiques et toutes les personnes de bonne volonté, « à commencer par leurs frères qui appartiennent à d’autres confessions chrétiennes et à d’autres religions » pour le bien commun de tous les citoyens du pays. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les catholiques ne représentent que 25 % d’une population chrétienne à 98 %.

Dimanche 8 septembre en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Aux jeunes de Papouasie, François demande d’adopter le langage de l’amour

De retour au John Guise Stadium où il avait célébré la messe dimanche matin, le pape François a réservé son dernier rendez-vous aux jeunes, pour les entendre témoigner de leurs difficultés, de leurs espoirs aussi et les a encouragés à s’unir dans le langage de l’amour.

« Je ne voulais pas repartir d’ici sans vous rencontrer car vous êtes l’espérance pour l’avenir ». Dès ses premiers mots, le pape donne tout son relief à cette rencontre avec quelque dix mille jeunes qui l’accueillent au son des chants et des danses traditionnelles.

François engagea lui-même un dialogue direct avec les dix mille jeunes présents, parfois s’exprimant en anglais, parfois en italien, interrogeant l’assemblée sur les comportements justes à adopter vis-à-vis de leur prochain. « Que devons-nous faire lorsqu’une personne tombe ? », « devons-nous la laisser à terre, lui donner un coup pied et passer notre chemin ou rire de sa situation ? », « devons-nous au contraire l’aider à se relever ? ». Les jeunes, à chaque question, répondent, et lorsque la réponse n’arrive pas assez forte à l’oreille du pape, celui-ci demande aux jeunes de répéter. « Tout le monde peut chuter », dit François avant d’ajouter : « même une vieille personne comme moi ». S’il reste important d’éviter la chute, il est, pour le Successeur de Pierre, plus important encore de ne laisser personne à terre ou sur le bord de la route.

« Ne craignez pas, peuple papou, ouvrez-vous » exhorta le pape à la messe

En présence de trente-cinq mille fidèles, le pape a présidé la grande messe de son étape papouane, dimanche 8 septembre, en ce jour de la solennité de la Nativité de Marie.

La solidarité pour relever les défis

Avant de prendre la parole, le Saint-Père a écouté les témoignages des jeunes et leurs questions : à ces interrogations, François a répondu par la solidarité et l’attention aux autres. Prendre soin des autres « doit être votre préoccupation ».

Le pape a qualifié les habitants de Vanimo « d’experts en beauté », vivant « sur une terre magnifique riche d’une grande variété de plantes et d’oiseaux, devant laquelle on reste bouche bée devant les couleurs, les sons, les parfums, le spectacle grandiose d’une nature débordante de vie évoquant l’image de l’Eden ! ». Une beauté qui doit s’accompagner du respect «de la maison commune », mais qui n’est pas comparable, a expliqué François, à la beauté du spectacle qui réside en chacun : « celui de ce qui grandit en nous lorsque nous nous aimons les uns les autres (…). Et notre mission est précisément celle-ci : répandre partout, par l’amour de Dieu et de nos frères, la beauté de l’Évangile du Christ ! »

« Nous formerons ainsi, a poursuivi François, un grand orchestre (…) capable, avec ses notes, de recomposer les rivalités, de surmonter les divisions -personnelles, familiales ou tribales- ; de chasser la peur, la superstition et la magie du cœur des gens ; de mettre fin aux comportements destructeurs ».

Mardi 10 septembre au Timor Oriental

« Comme lui, apprenons à nous laisser soigner »

François s’est rendu à l’école Irmãs Alma qui garantit soins et assistance aux enfants atteints de maladies graves. Le Souverain pontife a rencontré les religieuses et une cinquantaine d’enfants qui l’ont accueilli avec des chants et des cadeaux. François a encouragé l’amour envers les plus fragiles : « C’est le sacrement des pauvres ».

Quand Jésus parle du Jugement dernier, il dit à certains : « Venez avec moi ». « Mais il ne dit pas : “Venez avec moi parce que vous avez été baptisés, parce que vous avez été confirmés, parce que vous vous êtes mariés dans l’Église, parce qu’ils n’ont pas menti, parce qu’ils n’ont pas volé…”. Non ! Il dit : “ Venez avec moi parce que vous avez pris soin de moi. Tu as pris soin de moi ” ».

Quittant sa feuille des yeux, le pape appelle Silvano, 7 ans, qui dort dans sa poussette, seule garantie de mobilité, au centre de la pièce. François caresse son visage, l’observe : « Je regarde cet enfant. Que nous apprend-il ? Il nous apprend à prendre soin : en prenant soin de lui, nous apprenons à prendre soin. Et si on regarde son visage, il est calme, serein, dormant en paix. Et comme lui se laisse soigner, nous aussi devons apprendre à nous laisser soigner : nous laisser soigner par Dieu qui nous aime tant, nous laisser soigner par la Vierge, qui est notre Mère ».

 

Sources : Vatican news, La Croix

 

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