Quatre figures bibliques
Certaines figures mises en scène dans la Bible ont apporté une contribution remarquable à la progression spirituelle du peuple de Dieu. En voici quatre particulièrement significatives : le Juste, le Sage, le Prophète et le Saint. Pourquoi ces distinctions ?
Ces quatre figures sont familières aux lecteurs de la Bible. Et pourtant, si elles retiennent notre attention, individuellement et collectivement, c’est qu’elles contiennent un message d’une haute portée pour la démarche spirituelle. Elles constituent des symboles riches de sens, à contempler sans modération. Chacune de ces figures mérite d’être illustrée par un personnage clé de la Bible. Mais l’attention peut se porter tout d’abord sur leur sens collectif, pour faire ressortir le lien à l’évolution intérieure.
Le développement spirituel est un processus long et complexe qui se déroule sur la vie entière et concerne chaque humain. Il tend à manifester en plénitude la force de vie qui ne s’exprime, à la naissance, que sous une forme très limitée. L’enfant qui naît n’a aucune autonomie physique ni aucune capacité intellectuelle. La croissance biologique et l’éducation lui procureront les facultés, physiques et mentales, propres à l’espèce humaine. Mais un autre développement, plus discret, s’effectue en parallèle avec des résultats variables. Il peut se manifester de multiples façons : par l’élévation du sens moral, la capacité d’expression artistique, l’élan vers une connaissance supérieure de la nature de l’être, l’action altruiste, etc. Ce développement met particulièrement en valeur les liens de l’homme aux forces de l’Esprit à l’œuvre dans l’humanité. Il est la source même du progrès de la civilisation.
Les quatre figures bibliques mentionnées plus haut peuvent être considérées comme des » marqueurs » de ce développement réalisé sous la conduite de l’Esprit.
Trouver la voie vers cette forme supérieure de vie demande un ajustement de la personnalité au mode d’action spécifique de l’Esprit, une sorte de mise en résonance avec des potentialités subtiles mais puissantes de l’être humain, à l’image de l’instrument de musique qui demande à être accordé à la bonne tonalité pour donner le son juste. Il est rare que cet ajustement soit parfait du premier coup ; il commence de manière latente, puis perce un jour dans la conscience de la personne, l’amenant à de nouvelles perspectives et motivant sa volonté pour collaborer à cette transformation. Les étapes de ce changement sont comme un voyage intérieur, un pèlerinage vers le sanctuaire le plus sacré de l’être. Le Juste est celui qui effectue ce parcours d’ajustement.
Ce cheminement est aussi une voie de connaissance car vie et conscience sont les deux manifestations complémentaires de la puissance de l’Esprit. Voie de connaissance, mais pas voie intellectuelle. Il y a une grande différence entre croyance et connaissance. La première résulte de l’enseignement reçu et met en œuvre les possibilités limitées du langage, de l’imagination, de la rationalité. Elle laisse toujours ouverte la porte du doute. La seconde est une participation consciente à l’essence du Réel et exclut le doute. Elle est une vision cohérente et globale du Vrai. L’accès à la connaissance est l’idéal du Sage.
Toute marche sous la conduite de l’Esprit se fait en union avec l’humanité entière. Elle inclut un aspect de service envers tous ceux qui sont sur ce parcours de perfectionnement. L’expérience et la connaissance spirituelles se communiquent ; c’est en aidant que l’on progresse soi-même. On entrevoit dans cet aspect la figure du Prophète. Il montre aux autres cette partie du chemin intérieur qu’il a exploré ; il en souligne les difficultés, met en garde contre les risques de découragement ou de déviance qui guettent les pèlerins et les encourage à progresser sur le sentier.
Et bien sûr une figure, celle du Saint, symbolise l’aboutissement de cette longue quête : l’entrée dans le sanctuaire intérieur de l’être, la participation consciente à la vie divine. Cette figure, comme un phare, éclaire la route et elle donne consistance à l’espérance qui mobilise le voyageur.
La voie du perfectionnement intérieur est subtile, « cachée aux sens » comme le dit saint Paul. Il faut une grande attention à soi-même et aux autres pour y entrer et progresser. Sur ce chemin, heureusement, il y a des repères et tout particulièrement ces quatre figures : le Juste, le Sage, le Prophète et le Saint. Elles seront illustrées par des personnalités éminentes de la Bible dans les éditions ultérieures.