Quelques femmes dans l’Ancien Testament
La Bible est parole de Dieu qui, patiemment, se révèle à l’Homme, à travers une histoire parfois rocambolesque, presque inimaginable, en tout cas passionnante. Contrairement à l’idée reçue, les femmes y jouent un très grand rôle. Elles interviennent dans le cours des événements en donnant un détour, une déviation du cours supposé des choses, souvent surprenant.
Je vous propose de (re)découvrir quelques figures de ces femmes, dans des épisodes où on ne sait pas toujours finalement qui a l’initiative.
La première femme dont la Bible nous parle est Ève, donnée comme compagne à Adam. Deux récits racontent la création du monde et de l’Homme : un premier récit (Genèse 1) nous rapporte une naissance simultanée de l’homme et de la femme dans la main de Dieu : « Homme et Femme il les créa » ; un deuxième récit (Genèse 2) montre que c’est l’homme qui fut d’abord créé à partir d’argile, puis que la femme fut tirée de l’homme. Car Dieu, s’apitoyant de la solitude de l’homme, lui donna, durant son sommeil, une compagne créée à partir du corps de l’homme (la fameuse côte d’Adam). En quelque sorte, l’homme fut une première tentative, un brouillon peu affiné, d’où fut tiré un être bien plus achevé, la femme : Eve.
Dieu confia une mission à l’Homme : garder le jardin, et le développer. L’Homme devait être collaborateur de Dieu, mais le Démon rompit ce lien de confiance en trompant d’abord Eve, qui entraîna Adam, complètement passif. Le résultat de tout cela fut la fin de leur bonheur originel. Mais Yahvé n’abandonna pas l’Humanité à son malheur et suscita un peuple, Israël, en qui le Sauveur du monde se manifesta.
La naissance du peuple d’Israël : comment Dieu suscita un peuple, chargé d’annoncer le Salut ?
L’ancêtre d’Israël est Abraham. Il eut comme épouse Sarah qui était très belle, nous dit la Genèse, si bien qu’Abraham la faisait passer pour sa sœur pour éviter que les puissants, notamment Pharaon, ne veuillent se l’approprier. Mais Sarah ne pouvait avoir d’enfants ; aussi pour assurer une descendance à son mari, elle le poussa vers Agar, sa servante, qui devint enceinte et donna naissance à un garçon, Ismaël, ancêtre du peuple des Ismaëlites, autrement dit des Arabes. Agar le paya cher : devenue mère, elle commit l’erreur fatale de mépriser sa maîtresse Sarah qui la chassa au désert avec son fils Ismaël.
Peu de temps après, Sarah devint enceinte et donna naissance à Isaac. Cette naissance fut quasi miraculeuse car Sarah et Abraham étaient déjà très âgés. Elle concrétisa une promesse faite par Yahvé (Dieu) à Abraham : « Ta femme Sarah te donnera un fils, tu l’appelleras Isaac, et j’établirai mon alliance avec lui, comme une alliance perpétuelle, et avec sa descendance après lui » (Gn 17, 19).
Isaac se maria avec une femme de la maison de son père : Rébecca petite-nièce d’Abraham. Elle donna naissance à deux fils : Esaü et Jacob. Ils étaient jumeaux mais c’est Esaü qui naquit en premier ; il était donc l’aîné, Jacob le cadet. Il aurait dû céder devant son frère mais plus malin et favorisé par sa mère Rébecca, c’est lui Jacob, le cadet, qui assura la postérité de la famille. Ainsi Jacob fut envoyé dans le pays de Rébecca, sa mère, pour y chercher épouse en la personne de Rachel, jeune fille du clan d’Abraham et cousine de Jacob. Rachel plut à Jacob et Jacob plut à Rachel. Le père de Rachel, Laban, accueillit Jacob avec toute la chaleur qu’on prodigue à son futur gendre. Mais hélas ! Rachel était la fille cadette de la famille et ne pouvait être mariée avant sa sœur aînée, Léa. Aussi Jacob dut accepter Léa comme épouse, ce qu’il fit mais ne renonça pas pour autant à Rachel !
Les enfants de Jacob furent douze : ce furent les ancêtres des douze tribus d’Israël. Les enfantements furent rocambolesques : les premiers-nés furent Ruben, Siméon et Lévi, tous trois fils de Léa, l’épouse légitime, ce qui provoqua la désolation et la rancœur de Rachel qui implora Yahvé de lui donner un fils comme preuve de l’amour de son mari Jacob. Se croyant stérile, elle demanda à Jacob de concevoir un enfant avec sa servante Bilha : ainsi naquit Dan, puis Nephtali. Léa employa la même manœuvre : elle conduisit sa servante Zilpa à Jacob et ainsi naquirent Gad et Asher. Puis Léa donna naissance à deux autres enfants ; et Rachel conçut Joseph, l’avant-dernier des fils de Jacob, celui-là même qui fut vendu par ses frères à des Ismaëlites (Arabes) qui l’emmenèrent en Égypte.
Donc les douze tribus d’Israël ont un seul père mais descendent de quatre femmes (deux épouses, deux servantes de celles-ci). La polygamie était de règle à l’époque. Le texte de la Genèse nous apprend que parmi tous ces garçons, une fille vit le jour : Dina, fille de Léa. Elle fut enlevée et violentée par un prince païen, Sichem, ce qui déclencha une vengeance meurtrière par ses frères contre les sujets de ce prince.
Je vous suggère de lire l’histoire de Jacob dans la Genèse, le premier livre de la Bible. Il révèle le rôle majeur joué par des femmes se manifestant comme responsables et maîtresses des naissances. Méditons également comment Dieu fait peu à peu avancer son plan de salut au sein des Hommes, malgré les mœurs violentes, pour faire advenir un peuple où naîtra le Sauveur qui enseignera la charité, l’amour du prochain. En trois mille ans, quel chemin parcouru !
Un prochain article traitera de la naissance et de l’enfance (elle aussi miraculeuse) de Moïse, et d’autres femmes, héroïnes de l’histoire d’Israël.
Antoine Clave