Qui caricature Dieu et ses prophètes ?
Le mal est un poison diabolique dans le cœur de l’homme. Qui peut l’expliquer? Personne. Le procès actuel des attentats en janvier 2015 nous ramène à une forme de sidération. Rappelons le lourd bilan en trois jours : dans les locaux de Charlie Hebdo, douze morts et onze blessés. Le lendemain, c’est l’assassinat de la jeune policière de 26 ans, Clarissa Jean-Philippe. Enfin, lors de la prise d’otages dans l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, quatre morts et cinq blessés’ L attaque au couteau survenue le 25 septembre dernier devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, vient percuter un procès à l’ambiance déjà très lourde et éprouvante pour les familles des victimes. Pour Me Samia Maktouf, avocate de Lassana Bathily, rescapée de l’attaque de l’Hyper Cacher, les motivations de l’assaillant ne faisaient aucun doute : « On se doute bien que c’est en lien avec le procès. Nous vivons ici avec cette menace tous les jours. Cela ajoute encore de la tension, de l’angoisse, mais ça nous donne aussi plus de conviction pour aller au bout de ce procès ».
Et que fait Dieu ? Silence profond, comme à Auschwitz, au Rwanda, au Moyen-Orient et dans tous les goulags du monde. Que dit-il ? Pourquoi ne réagit-il pas ? Car c’est Lui qui se laisse caricaturer quand des croyants le trahissent et utilisent son nom pour commettre des crimes. Pourquoi Dieu se laisse-t-il trahir ? Pourquoi ces conflits et ces guerres de doctrine, ces refus de laisser l’autre libre de croire, de changer de religion ou de ne pas croire ? Ma consolation est de connaître d’humbles croyants, de toute religion, qui reflètent sur leur visage et dans leur attitude, quelque chose de la douceur, de la patience, du pardon de Dieu. Ils sont les seuls vrais prophètes et témoins qui ne caricaturent pas la vérité de Dieu.
En face du mystère du mal, il n’y a que le mystère de l’amour de Dieu vécu qui ouvre un chemin de paix. À ce sujet, Mauriac écrivait : « Le drame humain n’a pas de sens pour l’athée ; aucune clef ne tourne dans la serrure. Le Christ apporte cette clef qui ouvre ». Oui, allons jusqu’au bout du procès des criminels qui défigurent Dieu en tuant ou persécutant ses enfants, les hommes. Sans oublier que Jésus innocent, jugé sur la croix, va jusqu’au bout de l’amour.
Baudoin, prêtre.
Cet éditorial a été rédigé avant l’assassinat de Samuel Paty