Remise du prix Maurice Allais à Guy Berthault
Entouré de ses camarades de promotion(1), leurs épouses, des veuves d’anciens camarades , des membres du conseil d’administration de l’AIRAMA (Alliance Internationale pour la Reconnaissance des Apports de Maurice Allais prix Nobel 1988 en économie et physique) et de Cécile Zammit-Popescu, maire de Meulan, Guy Berthault, ingénieur diplômé de l’Ecole Polytechnique, promotion 1945, Chevalier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre National du Mérite, a reçu le 15 mai dernier, au cours d’une réception à son domicile meulanais, le Prix Maurice Allais décerné par l’AIRAMA.
Cette distinction lui a été attribuée pour les travaux et l’aide scientifique, en physique, qu’il a apportée à Maurice Allais. C’est ce qu’a exprimé le président de l’AIRAMA, Arnaud Upinsky, avant de remettre le prix. Auparavant Philippe Bourcier de Carbon, président d’honneur, avait fait un rappel de la contribution de Maurice Allais en économie et physique, soulignant les difficultés qu’il avait rencontrées pour être reconnu, le prix Nobel qu’il reçut en 1988 venant toutefois « couronner » sa carrière. Probablement avait-il eu tort d’avoir raison trop tôt car il dénonçait les dangers de la mondialisation et ses conséquences : diminution, voire stagnation de la croissance et augmentation du chômage.
Contribution scientifique de Guy Berthault
C’est le trésorier, Pierre Fuerxer, qui évoqua la contribution scientifique de Guy Berthault et sa carrière atypique. En voici quelques extraits : « Guy Berthault est un polytechnicien de la promotion 1945. Son père ayant créé une société qui est devenue une des plus grandes entreprises françaises de la grande distribution, il a naturellement été amené à participer au développement de l’entreprise familiale. Il a donc été D.G.A. de Viniprix et administrateur d’Euromarché, membre de section du Conseil Economique et Social. Il a été, en France, un grand promoteur de l’intéressement et de la participation du personnel à l’entreprise…
… Comme Maurice Allais, devenu économiste, Guy Berthault a continué à s’intéresser à la science et en particulier à la physique. Ayant lu dans la revue des anciens élèves de l’Ecole Polytechnique le compte-rendu des expériences pendulaires de Maurice Allais, il a fait sa connaissance en 1989. Il lui a proposé sa collaboration. Dans le cadre de celle-ci, il a organisé avec des physiciens internationaux des expéditions pour mesurer « l’effet Allais », déviation azimutale d’un pendule lors d’une éclipse de soleil. Celles-ci ont eu lieu lors de différentes éclipses de soleil en Finlande et Russie en 1990, au Mexique en 1991, au Brésil en 1994, en France en 1999…
Travaux de Guy Berthault en géologie
Guy Berthault observe que la géologie historique, fondée sur l’interprétation de Stenon, n’est pas prouvée, car nul n’a été témoin de la stratification. Pour cette raison, il a entrepris un programme expérimental d’étude de la stratification en 1970.
Il existe, dans les roches sédimentaires, des strates de faible épaisseur millimétrique ou « laminae », qui sont semblables aux « feuillets » observés par Lyell qui les interpréta comme des dépôts annuels. Guy Berthault préleva un échantillon de grès de Fontainebleau, qu’il broya et laissa tomber dans une éprouvette à sec, puis dans l’eau. Il en résulta alors des laminées identiques à celles de l’échantillon de grès. Il s’agissait donc d’un phénomène mécanique naturel et non de dépôts annuels pouvant servir à établir une chronologie.
Le compte-rendu de ses expériences fut présenté à l’Académie des Sciences de Paris par le professeur Georges Millot, directeur de l’Institut de Géologie de Strasbourg, doyen de l’Université, membre de l’Institut, alors président de la Société Géologique de France, qui le publia dans ses comptes-rendus en 1986. A la suite de quoi, le professeur Georges Millot le fit admettre à la Société Géologique de France, en qualité de sédimentologue.
Guy Berthault fit étudier la stratification au laboratoire d’hydraulique de l’Université du Colorado dans un canal circulant et montra la présence de strates dans le dépôt… Ces expériences ont confirmé que la stratification des dépôts résulte d’un phénomène mécanique naturel… Le compte-rendu de cette étude a été publié en 2011 dans « Lithology and Minerai Resources », journal de l’Académie des Sciences et de l’Institut de Géologie de Russie.
Par ailleurs, il a été conforté dans ses analyses par le fait que la datation radiométrique des roches n’est pas davantage fondée… A preuve, les datations au potassium/argon radioactifs de roches résultant d’éruptions volcaniques récentes, de dates historiques connues, indiquent parfois des millions d’années. Cela résulte d’un excès d’argon provenant en grande partie de la lave qui a donné naissance à la roche…
… Guy Berthault soutient depuis plus de dix ans le développement à l’observatoire Royal de Belgique, par l’équipe de Michel Van Ruymbeke, des balances gravitationnelles permettant de valider en statique les postulats retenus par Newton : symétrie des forces, égalité de l’action en de la réaction, indépendance des matériaux… »
Dans cet article, nous ne pouvons évoquer toutes les contributions de Guy Berthault mais sa démarche est toujours la même : remplacer les a priori par des faits. Ses travaux scientifiques, en particulier dans les domaines de la sédimentologie, de la stratigraphie et de la datation géologique, ouvrent de nouvelles perspectives à la communauté scientifique.
C’est avec l’orchestre créé par des membres de la promotion 1945, Dixieland Senior’s, un jazz band toujours animé par François Mayer (trombone), dernier musicien du groupe d’origine, que l’après-midi se poursuivit dans la convivialité et la bonne humeur.
Par cette remise de prix, à laquelle les Echos de Meulan sont honorés d’avoir été conviés, nous mesurons combien cette distinction met en valeur un homme d’une grande simplicité, animé par une rigueur scientifique basée sur les faits comme l’était Maurice Allais.
(1) Rencontre du 70ème anniversaire de sortie de polytechnique de la promotion 1945