Richard Wagner
Cette année est le bicentenaire de la naissance de Richard Wagner, né le 22 mai 1813 à Leipzig. A la mort de son père, sa mère se remarie avec un ami, Ludwig Geyer, poète et acteur qui décèdera huit ans plus tard, non sans avoir transmis à l’enfant sa passion du théâtre.
Il étudie à Dresde, puis Leipzig, lit beaucoup et découvre la musique de Beethoven, de Weber et de Liszt. Vers 1830, Wagner décide d’être musicien ; c’est le triomphe du romantisme. En 1833, il donne son premier opéra « Les fées » ; un an plus tard, il est nommé chef d’orchestre à Magdebourg.
Son mariage avec la cantatrice, Mina Planer, est un échec ; criblé de dettes, (les soucis d’argent seront le lot de Wagner tout au long de sa vie et il connaîtra même la prison pour dettes) le couple s’enfuit à Paris. Wagner y compose « Rienzi », l’histoire d’un tribun de la Renaissance, qu’il achève à Dresde ; ce sera un échec. En 1843, il compose un nouvel opéra « Le vaisseau fantôme», inspiré par une tempête lors de la traversée pour Londres, puis « Tannhäuser », « Lohengrin », « Tristan et Isolde », souvent considéré comme son chef-d’œuvre. Viennent ensuite « Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg », « L’Anneau du Nibelung », également appelé Tétralogie ; c’est un ensemble de quatre opéras inspirés des mythologies allemandes et scandinaves. Le dernier opéra de Wagner, « Parsifal » est une œuvre contemplative tirée de la légende chrétienne du saint Graal. De sa rencontre avec Liszt et l’anarchiste russe Bakounine, il conçoit le drame comme une « synthèse d’art » car c’était le goût de l’époque. Sa première source d’inspiration est la philosophie de Schopenhauer axée sur une vision pessimiste de la condition humaine.
Sa passion plus ou moins platonique pour Mathilde Wesendonck, femme d’un riche commerçant, entraîne sa séparation d’avec Mina. Il commence ensuite une liaison avec Cosima Von Bülow, fille de Liszt et de Marie d’Agoult. Le scandale est énorme : elle est sa cadette de vingt-quatre ans et la femme de Hans von Bülow, un fervent partisan de Wagner, qui a œuvré comme chef d’orchestre pour « Tristan et Isolde ».
La carrière de Wagner prend un virage spectaculaire en 1864, lorsque le roi Louis II accède au trône de Bavière, à l’âge de 18 ans. Le jeune roi, qui admire ses opéras depuis son enfance, décide en effet de faire venir le compositeur à Munich. Il règle ses dettes considérables. Wagner tient à ce que le cycle complet de sa tétralogie soit réuni dans un opéra spécialement conçu à cet effet. En 1871, il choisit la petite ville de Bayreuth pour accueillir sa nouvelle salle. Afin de rassembler les fonds pour la construction, il entreprend une tournée de concerts à travers l’Allemagne et diverses associations de soutien sont créées dans plusieurs villes. Il faut cependant attendre une donation du roi Louis II en 1874 pour que l’argent nécessaire soit enfin rassemblé. Puis c’est la disgrâce : certains membres de la Cour le soupçonnent d’influencer le jeune roi et obtiennent de lui le renvoi du compositeur qui doit quitter Munich.
La personnalité de Wagner, son ambition, ses théories et sa musique n’ont cessé de donner matière à analyses et polémiques ; qualifié parfois d’arriviste, de petit-bourgeois vulgaire, de mégalomane, de névrosé par certains, il a été considéré par d’autres comme un génie, un révolutionnaire, un prophète. Il n’en est pas moins devenu une sorte de monument dans l’histoire de la musique.
En 1883, gravement malade, Wagner se rend à Venise pour l’hiver. C’est là qu’il décède d’une crise cardiaque. Son corps est rapatrié et inhumé dans la villa surnommée Wahnfried (« Paix des illusions ») qu’il s’était fait construire à Bayreuth.
Né la même année que Verdi, mort la même année que Marx, Wagner est comme eux un des personnages du XIXème siècle qui ont durablement marqué notre époque.