Roi et Saint
Dans notre numéro de septembre, nous avons évoqué Philippe Auguste et la bataille de Bouvines qui s’est déroulée le 27 juillet 1214. Cette même année, le 25 avril, était né son petit-fils Louis IX, plus connu sous le nom de saint Louis dont la vie nous touche à plus d’un titre en particulier celui d’être né à Poissy. Son sens de la justice, son amour des humbles et sa grande piété ont contribué à sa canonisation plus que les croisades qu’il a entreprises, du reste sans succès.
A la mort de Philippe Auguste (1223), son père Louis VIII, dit le Lion pour sa belle conduite sur les champs de batailles face aux Anglais, monte sur le trône de France. Il a alors 36 ans, a épousé en 1200 Blanche de Castille ; cette petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine a un caractère bien trempé ! Au bout de seulement trois ans de règne, Louis VIII décède ; son second fils Louis monte sur le trône de France car le dauphin Philippe est mort un an avant son père. Louis n’a que 12 ans et sa mère, durant sa minorité, assure la régence avec fermeté face aux grands seigneurs qui s’allient pour endiguer les progrès de la royauté. Soit par les armes, soit par la diplomatie, elle réussit à les soumettre. Son premier soin a été de faire couronner son fils à Reims, trois semaines seulement après la mort du père. Elle gardera sur lui une grande influence en ce qui concerne la direction du royaume ainsi que sur sa vie intellectuelle et spirituelle : « Je préfèrerais vous voir mort que de commettre un seul péché mortel !
A sa majorité, en 1234, Louis IX succède à sa mère dans la direction du royaume et épouse Marguerite de Provence tout juste âgée de 13 ans. Belle sœur du roi d’Angleterre, Henri III Plantagenet, elle œuvre au rapprochement des deux royaumes. Elle eut à souffrir de l’inimitié de sa belle-mère qui, dit-on, faisait tout pour empêcher le couple de se retrouver ; ils surent déjouer l’interdit et donnèrent le jour à onze enfants, dont Philippe III le Hardi ! Courageuse, Marguerite accompagne son mari lors de la septième croisade alors qu’elle est enceinte. Son goût pour les arts, les lettres et la science lui vaudra la considération de l’Université. Elle survivra vingt-cinq ans à son cher époux et fera entamer son procès de canonisation dont elle ne verra pas l’aboutissement car elle meurt en 1295 deux ans avant que le pape Boniface VIII déclare « saint » le roi Louis IX.
Ce n’est pas seulement sa piété légendaire, pas même sa pratique de l’ascèse qui valut à Louis sa canonisation, c’est avant tout sa très grande charité envers les pauvres et les malades. Il rend visite aux lépreux, lave les pieds des mendiants, fonde l’hospice des Quinze-Vingt pour les aveugles et crée, grâce à Robert de Sorbon, un collège pour les étudiants pauvres, la future Sorbonne. A cette charité sans faille, Louis joint un grand sens de la justice, une justice ouverte à tous, sans favoritisme pour les riches. Il aime juger lui-même assis sous un chêne dans la forêt de Vincennes ou sur les marches de la Sainte-Chapelle.
Chrétien fervent, il estime de son devoir d’aller reprendre Jérusalem, berceau de la chrétienté, aux Musulmans. Il participe à deux croisades. En 1248 il s’embarque à Aigues-Mortes, port fortifié qu’il a fait construire à cet usage. Il débarque à Damiette en Egypte car la clé de Jérusalem est au Caire ! Lors de la terrible bataille de Mansourah, le roi est fait prisonnier puis relâché contre une rançon ; il poursuit son projet et va rester trois ans en Palestine avant de regagner la France en 1253 ayant appris la mort de sa mère, survenue le 27 novembre 1252.
La seconde croisade sera plus funeste encore, malgré trois ans de préparatifs, dans un royaume pacifié. Le débarquement se fait cette fois-ci à Tunis mais la chaleur et le manque d’eau potable déclenchent une terrible épidémie de dysenterie qui coûtera la vie au roi de France qui s’est dépensé sans compter auprès des malades. Louis se voit mourir, dicte son testament (I) dont il donne lecture à son fils Philippe le Hardi, atteint lui aussi de dysenterie comme Jean-Tristan (2). Après avoir reçu l’extrême-onction, le roi s’éteint le 25 août 1270, sur un lit couvert de cendres. Ses obsèques seront célébrées à Notre-Dame de Paris la veille de la Pentecôte 1271 puis son corps, porté par son fils Philippe et quelques grands du royaume et suivi par une foule innombrable d’ecclésiastiques, de nobles, de bourgeois mais aussi de mendiants, est inhumé à Saint-Denis où les miracles se multiplièrent. Il faudra attendre pourtant vingt-cinq ans pour sa canonisation. Ce roi, épris de paix, de justice et de charité et même de mortification, n’est pas un triste saint ; Joinville son chroniqueur et ami le dit enjoué et la nef qui ramène son corps en France s’appelle « Porte joie ». Saint Louis ne peut se raconter en un seul article ; nous évoquerons prochainement son rôle de mécène des arts et des lettres, ce célèbre « siècle de saint Louis ».
Rappelons qu’il est le patron de notre diocèse et que la cathédrale de Versailles, édifiée en 1754, lui est dédiée.
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Ce texte est connu sous le nom des « Enseignements de saint Louis » et commence par « Garde-toi mon fils de faire choses qu’à Dieu déplaise… »
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Jean-Tristan, sixième enfant de saint Louis est né à Damiette en 1250 alors que son père est prisonnier (d’où son nom de Tristan) il meurt de la dysenterie peu avant saint Louis et comme lui est inhumé à Saint-Denis.