Sainte Véronique va-t-elle détrôner saint Valentin et saint Jacques ?

Non, ce n’est pas une histoire de calendrier, même si deux sur trois occupent celui-ci en février (4 et 14), ce serait plutôt une histoire de chemin et d’amour.

Il y a un peu de la saint Valentin dans l’histoire de sainte Véronique, celle-là même qui selon l’histoire essuya le visage du Christ avec un linge qui en garda l’image peut-être même en trois exemplaires. En effet, ce chemin doit tout à l’histoire d’Amadour et de son épouse bien-aimée Véronique ; le magazine Le Pèlerin nous racontait cela en septembre 2023.

Qui est sainte Véronique ?

Le nom de Βερενίκη (Bérénice), mot grec, est devenu Véronique ; sa forme latine est traditionnellement associée à la femme anonyme qui souffre d’hémorragies et qui est miraculeusement guérie en touchant le vêtement que porte Jésus. Elle n’est pas citée dans les évangiles mais est évoquée dans la sixième station du chemin de croix comme étant une des « Saintes Femmes » qui accompagnèrent le Christ dans sa montée au Calvaire. La tradition chrétienne a retenu qu’il s’agissait de Véronique qui tend un voile pour essuyer le visage du Christ sur lequel restent gravés ses traits.

Pourquoi un chemin en France ?

Légende et tradition la donnent mariée à Zachée avec qui elle émigre en Gaule à Soulac-sur-Mer en Gironde, lors des premières persécutions. Le couple entreprend alors d’évangéliser la péninsule jusqu’à Bordeaux. Un dominicain inquisiteur, Bernard Gui, raconte que lorsque saint Martial est venu en Gaule, en 47, il était accompagné d’un homme qui s’appelait Amateur (amoureux) et qui était marié à une Véronique. Si l’on accepte que sainte Véronique soit venue à Soulac, elle y est morte en l’an 70 à 87 ans et ses reliques sont vénérées depuis le Moyen-âge dans la Basilique Notre-Dame de la fin des Terres, point de départ du chemin d’Amadour. Sa tombe se trouve aujourd’hui dans la crypte de la basilique Saint-Seurin à Bordeaux.

Amateur (Amadour), désormais veuf, quitte Soulac-sur-Mer pour traverser la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Dordogne et trouve refuge dans une vie d’ermite sur le site qui deviendra plus tard Rocamadour, dans le Lot. Ermite, il aurait alors sculpté dans un même et seul tronc de chêne ou noyer une statue de la Vierge mesurant 70 cm. Depuis le XIIe siècle, véritable lieu de pèlerinage se terminant par deux cent soixante seize marches pour atteindre l’esplanade des sanctuaires et escale sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, on vient y vénérer la Vierge noire et le tombeau de Saint-Amadour.

Ainsi Le Pèlerin pouvait en faire sa une : de Soulac-sur-Mer à Rocamadour… Marcheurs, à vos marques ! Un nouveau chemin de 500 km vient de naître sur les pas de Véronique et Amadour, deux personnages qui nous font remonter aux origines du christianisme. Il est labélisé sous le nom de GR®81.

Bruno Gonin

 

PS : si saint Valentin est le saint patron des amoureux, sainte Véronique protège les photographes ; quant à saint Amadour/Amateur (amoureux)… peut-être remplacera-t-il un jour Valentin !

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