Thomas Pesquet sera BIEN accompagné
Beaucoup de quotidiens vous proposent de vous abonner à leurs newsletters afin de vous envoyer en temps réel l’actualité du jour par les alertes e-mail de leur rédaction. C’est ainsi que ce 20 mars, je découvris grâce à France Info que Thomas Pesquet ne partirait pas seul dans l’ISS. Le titre de l’article me surprit : « Un blob accompagnera Thomas Pesquet à bord de la Station Spatiale Internationale » mais c’est surtout la suite de l’article qui piqua au vif ma curiosité : « Ce petit organisme sans bouche ni cerveau se déplace, mange et possède d’étonnantes capacités d’apprentissage ».
C’est ainsi que de fil en aiguille, ou plutôt de site Internet en site Internet, je découvris l’existence du « blob ». Ce fut tout d’abord un site de cinéphiles qui me proposa un film de 1988 « The Blob » un remake d’une autre version datant de 1958 intitulé « Danger planétaire » (est-ce cela que Thomas Pesquet allait emporter avec lui, car à lire le synopsis nous avions bien à faire à « un monstre étrange venu d’ailleurs, informe et gélatineux, qui dévore tout ce qui vit, en particulier les êtres humains, dont il se régale. »)
Enfin plus sérieusement, le site du CNRS m’apporta de réelles informations scientifiques sur le « physarum polycephalum » en la personne d’Audrey Dussutour, biologiste directrice de recherche CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale. Après avoir parcouru son livre « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Blob sans jamais oser le demander », voici quelques informations :
- depuis les années 1990, on sait que le blob appartient au règne des amibozoaires qui regroupe toutes les amibes. On estime qu’il a entre cinq cents millions et un milliard d’années. Plus précisément, le blob appartient à la classe des myxomycètes, ce qui signifie « champignons gluants » ;
- le blob n’a pas vraiment de forme. Il peut ressembler à de grosses éponges jaunes, à des lichens ou des coraux. Il change de couleur selon les espèces : blanc, noir, gris, marron, jaune vif … Cependant, tous les blobs ont un point commun : un aspect visqueux qui a inspiré ceux qui les ont surnommés « mucus croûté », « vomi de chien » ;
- il se déplace en formant de petites excroissances, des pseudopodes, et il mange par phagocytose, en engouffrant sa nourriture, en la prenant littéralement dans sa membrane ;
- au début de sa vie, il mesure 50 micromètres. Dans de bonnes conditions, sa taille double tous les jours. Des chercheurs se sont même amusés à obtenir un blob de 10 mètres carrés ;
- cette cellule comprend un réseau veineux dans lequel le cytoplasme circule. La veine est entourée de fibres musculaires qui se contractent, un peu comme dans nos intestins. La membrane se déforme, ce qui lui permet de se déplacer de 0,5 centimètre par heure, mais il peut accélérer jusqu’à des pointes de 4 centimètres par heure ;
- dans la nature, le blob se nourrit de bactéries, de champignons, de levures, d’autres spores. C’est un recycleur très utile qui rejette des micro-éléments. Si les conditions sont défavorables, s’il est privé d’eau ou de nourriture, il est capable d’entrer en dormance (c’est ainsi qu’il a pu rejoindre l’ISS). Il passe alors sous forme de structure rigide, très sèche. Il ressemble alors un peu à du lichen. Il suffit après de le réveiller en versant un peu d’eau dessus. Elevé par l’homme, il adore les flocons d’avoine et le jaune d’œuf ;
- le blob sait prendre les bonnes décisions : il est capable de sélectionner la meilleure nourriture pour sa croissance et d’ignorer les choses qu’il n’aime pas, de trouver le chemin le plus rapide pour rejoindre un endroit. Il sait même transférer ce qu’il a appris à ses congénères ;
- en testant des souches génétiquement distinctes, il a été mis en évidence des différences de comportement entre les souches japonaise, américaine et australienne, peut-être le résultat qu’une compétition différente dans leurs régions d’origine.
Le blob a fait son entrée au Parc zoologique de Paris en 2019. Alors, si vous voulez en connaître plus, n’hésitez pas, le parc est réouvert depuis le 19 mai.
Vous pouvez aussi en avoir un chez vous, comme l’a proposé l’agence spatiale française (le CNES) en collaboration avec le CNRS, à quelque deux mille classes de niveau primaire, collège ou lycée afin de comparer le comportement de leur blob à ceux qui accompagnent Thomas Pesquet dans l’espace. L’expérience s’appelle « Elève ton Blob ».
Le site « Le Labo du Blob » peut vous fournir pour quelques dizaines d’euros un kit complet comprenant même un labyrinthe pour organiser une course de blobs !