Tout est lié !
J’ai beaucoup apprécié de visiter au mois de juin le SIVaTRU avec la rédaction des Echos de Meulan : j’ai été impressionné par les quantités de déchets reçus et triés pour être ensuite recyclés, j’ai également été impressionné de voir les moyens techniques mis en œuvre pour optimiser le tri, mais aussi l’indispensable tri effectué in fine à la main par des hommes et des femmes qui réalisent un travail difficile. Parfois, d’autant plus difficile que certains usagers ne sont pas très consciencieux dans leur tri domestique. Si vous jetez les couches-culottes des enfants dans vos déchets recyclables, il y a des humains en bout de chaîne qui auront à sentir votre négligence. Pensons-y !
Ce qui me fascine dans le recyclage, c’est cette notion de cycle : nous sommes au milieu d’une chaîne où le consommateur achète ce qui a été produit par d’autres, pour un jour s’en débarrasser. Cette chaîne, si elle est linéaire, aboutit à une « culture du déchet » selon l’expression du pape François. Cette « culture du déchet » ne pollue pas seulement l’air que nous respirons ou la terre où nous vivons, mais aussi nos relations humaines quand nous jetons ceux qui ne nous semblent plus utiles : il y a des salariés dont on se débarrasse pour réduire des coûts dans nos entreprises, des personnes âgées dont on se débarrasse en ne trouvant pas le temps d’aller les visiter dans nos familles, des pauvretés dont nous détournons les yeux dans nos villes…
Le recyclage vient introduire une nouvelle dimension, révolutionnaire : le déchet d’aujourd’hui peut devenir la matière première d’une nouvelle production. On rentre alors dans un cercle vertueux.
Dans l’encyclique Laudato Si – qui parle d’écologie – le pape François utilise neuf fois l’expression « tout est lié ». Le recyclage manifeste très bien cela : ce que j’achète peut être ou non recyclable, produit ou non en respectant la nature mais aussi les travailleurs qui l’ont fabriqué ; je peux consommer ce dont j’ai besoin, modérer mes désirs, éduquer mes enfants à avoir le nécessaire, mais pas le superflu, redécouvrir que l’essentiel de nos vies – ce qui nous rend heureux – n’est pas dans l’acte de consommation… ou pas. Mais l’état du monde est lié à ma manière d’être au quotidien, en famille, au travail, il est lié à mes choix politiques, économiques, philosophiques, spirituels, à mon mode de vie. Le respect de la création de Dieu est lié au respect de ses créatures, le respect des créatures est lié au respect du Créateur…
Tout est lié !
Laurent Chanon
Diacre en vue du sacerdoce