Un avion passe sous l’Arc de Triomphe
Il y a cent ans le journal « Le Temps » titrait « L’exploit inutile du sergent Godefroy ». Cet inutile exploit est rapporté par d’autres journaux sous le titre « Un avion, ce matin est passé sous l’arc de triomphe ».
Afin de comprendre ce geste, il faut remonter au défilé du 14 juillet 1919 où les autorités militaires ont décidé de faire défiler les aviateurs « à pied » tout comme les fantassins et les artilleurs de la Grande Guerre. Pour ceux qui se considèrent comme les héros du ciel, cette journée qui devait être celle de la gloire s’est révélée être un affront. Aussi défiant les autorités, Jean Navarre décide de passer en avion sous l’Arc. Mais sa mort accidentelle le 10 juillet, en exécutant à Villacoublay un exercice de haute école, l’empêche de réaliser son projet. Charles Godefroy décide alors de relever le défi, après s’être entraîné aux environs de Miramas en passant sous un pont du Petit Rhône.
La suite est ainsi décrite par le site internet « Fan d’avion » :
Le 7 août 1919, à 6 h du matin, Godefroy arrive à l’aérodrome. Il a choisi un « Bébé » Nieuport, à moteur Gnome de 120 ch. Le moteur mis en route, le pilote fait un court point fixe et décolle. Il est 7 h 20. Quelques minutes plus tard, le Nieuport survole la porte Maillot, pousse jusqu’à l’Étoile, qu’il contourne deux fois. Après un demi-tour, le pilote reprend son point de mire et, remontant l’avenue de la Grande-Armée pleins gaz et en léger piqué, atteint la « masse de pierre». Une légère embardée à droite, une autre à gauche, l’ombre, la clarté… Il a réussi, un appareil de 9 m d’envergure est passé sous une voûte de 14,50 m de large! Un tramway arrive, dont les voyageurs ont très peur. En un clin d’œil, Godefroy évite le véhicule et file vers la place de la Concorde, puis rentre à Villacoublay. Le vol a duré une demi-heure.
A l’Étoile, l’émotion est grande. Des passants se sont sauvés dans tous les sens; des voyageurs du tramway ont sauté à terre. Des journalistes, des photographes et des cinéastes se sont aplatis au sol; l’un deux s’est même trouvé mal.
Le cliché photographique de ce moment historique est l’œuvre de son ami, le journaliste Jacques Mortane.
Né le 29 décembre 1888 à La Flèche, Charles Godefroy mourut à Soisy-sous-Montmorency le 11 décembre 1958.