Un monde nouveau
Lorsque nous regardons le monde dans lequel nous vivons, on ne peut s’empêcher de voir ses défauts plutôt que ses qualités. On constate la désolation de notre planète malmenée par notre irresponsabilité qui détruit, qui pollue, qui défigure. Accepterions-nous de faire dans nos maisons ce que nous infligeons à la nature ?
Lorsque nous regardons la vie de certaines populations, ce qui leur est infligé comme sévices, comme rejet, comme isolements, comme souffrances provoquées par les guerres et la misère induite, accepterions-nous que l’on nous applique les mêmes sévices ? Les mêmes persécutions ?
Et que penser des maladies qui nous assaillent ?
Dans nos réflexions, nos méditations, voire nos prières, on peut dire souvent « Pourquoi Dieu n’intervient-il pas pour solutionner nos égarements les plus graves qui contribuent aux souffrances et à la mort ? ». On peut arriver à se poser cette autre question « si Dieu existe, il ne peut pas rester sans rien faire, s’il ne fait rien c’est peut-être la preuve qu’il n’existe pas ».
En arriver à mettre sa foi en cause à partir de cette simple interrogation est très grave. Essayons de voir la création et la vie du monde sous un autre angle. Lorsque Dieu a créé l’univers (notre terre, mais aussi tout le cosmos), il a donné un top de départ à une évolution qui ne cesse de se transformer. Dans le plan de Dieu, il y a l’apparition de l’homme qu’il a voulu totalement libre de faire ou ne pas faire, d’aimer ou de ne pas aimer car l’Amour de Dieu est tel qu’à aucun moment il n’interfère directement dans la vie de l’humanité et dans l’évolution programmée et ce, depuis l’origine.
Alors si Dieu existe, ne serait-Il qu’un spectateur qui regarde l’humanité se détruire plus ou moins rapidement ? Est-ce là son véritable amour pour son peuple ? Non, Dieu n’a pas créé le monde et l’humanité pour qu’ils se détruisent ; dans ce cas, son amour ne serait pas complet car l’Amour veut le bien et non la souffrance. En fait, Dieu est loin d’être passif. Il n’intervient pas en apparaissant sur un nuage pour, de toute sa puissance, corriger d’un claquement de doigts nos erreurs et errements. Où serait notre liberté garantie par son Amour Divin ?
Quand bien même agirait-Il ainsi, croirions-nous plus en Lui ? Déjà dans son évangile, saint Jean nous signalait au chapitre 12 verset 37 à propos de Jésus : « malgré tous les signes miraculeux qu’il avait faits devant eux, ils ne croyaient pas en lui ».
La faiblesse de notre foi nous entraîne-t-elle à croire que nous sommes abandonnés à une déchéance programmée ? Non, car si Dieu n’intervient pas directement dans notre histoire, il passe par l’homme pour arriver à ses fins. C’est par l’œuvre de Dieu à travers les humains que nous pourrons bâtir un monde meilleur. Ce monde nouveau n’est pas facile d’accès car « l’homme à la nuque raide et un cœur de pierre » est englué dans un matérialisme qui le rend aveugle et égocentrique. Mais si nous faisons l’effort de regarder paisiblement la vie autour de nous, nous constaterons que Dieu agit à travers les actes des hommes et des femmes de bonne volonté, qui œuvrent pour notre environnement, pour soulager la misère, pour accueillir, pour réconforter en travaillant pour la paix.
Là où il y a l’amour, la paix et la charité, Dieu est actif, présent et agissant. « Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit » disait saint François de Sales.
Ce monde nouveau que nous souhaitons tous est déjà là ; il nous appartient de continuer à le bâtir. Dans l’Évangile de Luc chapitre 17 versets 20 et 21, Jésus nous dit : « le royaume est au milieu de vous ». Si Dieu passe par sa création pour agir et finaliser son œuvre, ne soyons pas des freins à son accomplissement, agissons en nous mettant à son écoute, soyons les artisans de ce monde nouveau, l’œuvre de Dieu !
Comme il est dit : « Tout est de moi, tout est de Dieu ». Cette expression vaut dès l’instant où tout est fait par amour.