Un petit tour dans l’espace …
Des voisins pour l’ISS !
Impossible de parler espace en ce moment sans commencer par Thomas Pesquet, notre héros national, qui sait si bien susciter de l’engouement pour ses aventures spatiales ! A l’heure où nous écrivons cet article, il réside depuis le 24 avril dernier dans la station spatiale internationale (ISS), 400 km au-dessus de nos têtes. C’est son deuxième séjour dans l’ISS qui doit durer six mois et dont il prendra le commandement. Mais il devra surtout mener une centaine d’expériences scientifiques. Car l’ISS est un laboratoire, le seul dans lequel il est possible d’étudier à long terme les effets de l’absence de pesanteur sur le corps humain, les plantes ou les matériaux solides ou liquides (voir notre article sur le blob).
Mais l’ISS devrait bientôt avoir des voisins :
- tout d’abord, une station spatiale chinoise nommée Tiangong (« Palais céleste» en mandarin), dont le premier élément Tianhe (« Harmonie céleste ») a été placé sur orbite jeudi 29 avril dernier à une altitude de 340 à 450 km, lancé par la fusée Longue Marche-5B Y12. Tianhe est le plus gros engin spatial jamais construit par la Chine et servira de centre de gestion et de contrôle de Tiangong ; il a une longueur de 16,6 m et un diamètre de 4 m et dispose d’un port multiple auquel pourront s’amarrer trois vaisseaux spatiaux à la fois. Les deux autres éléments, des capsules-laboratoires de plus de 20 tonnes chacune, seront placés de chaque côté de Tianhe. L’objectif de la Chine est de finaliser la construction d’ici fin 2022. Les lancements des différents modules vont donc se succéder dans les mois qui viennent ;
- et également, à plus long terme, une station spatiale russe puisque la Russie vient d’annoncer qu’elle se retirerait du programme de l’ISS dès 2025 pour développer et construire une nouvelle station spatiale russe baptisée ROSS (Russian Orbital Space Station). La construction du premier module, NEM (Science and Power Module), initialement prévu pour étendre la partie russe de l’ISS, a déjà débuté et il devrait être lancé en 2028.
Février 2021, le mois martien !
Mais, avant l’ISS, c’est Mars qui a pris en février le devant de l’actualité spatiale.
- La mission martienne des Emirats Arabes Unis Al Amal (« Espoir » en arabe), première sonde arabe, est arrivée sur orbite martienne le 9 février et a envoyé ses premières images. Elle ne se posera pas sur la planète rouge mais doit utiliser trois instruments scientifiques pour surveiller l’atmosphère martienne et devrait commencer à transmettre en septembre des données auxquelles les scientifiques du monde entier auront accès.
- A peine une journée après la sonde Al Amal, c’est la sonde chinoise Tianwen-1 qui s’est positionnée en orbite le 10 février, avec à son bord un véhicule d’exploration. L’atterrissage sur Mars, qui constitue la phase la plus difficile et la plus délicate de la mission, est prévu entre mai et juin. D’ici là, la sonde réalisera une cartographie détaillée d’Utopia Planitia, vaste plaine de l’hémisphère nord, afin d’identifier un site d’atterrissage le plus plat possible et pas trop encombré de gros rochers. En cas de succès, la Chine deviendrait la deuxième nation, après les États-Unis, à réussir à se poser sur Mars.
- Et, quelques jours plus tard, le 18 février, c’est le véhicule d’exploration de la NASA, Perseverance qui a fait parler de lui en atterrissant sur le sol martien. Depuis, Perseverance a mis en œuvre ses sept instruments dont son « œil laser », l’instrument SuperCam développé conjointement par un ensemble de laboratoires, universités et industriels français et américains. SuperCam tire au laser sur une roche, ce qui dégage du plasma puis analyse la lumière émise pour déterminer la composition de la roche ciblée. Le véhicule a également effectué ses premiers déplacements … Et surtout, a accouché d’un petit hélicoptère Ingenuity qui a décollé de Mars une première fois le 19 avril pour un survol de la planète rouge de quelques minutes ! Ingenuity a effectué, en avril, quatre autres vols si concluants que la NASA a décidé de prolonger sa mission de trente jours.
Pendant que certains approchent Mars, d’autres visent la lune !
- La Russie avec Luna-25 en octobre 2021 aura pour objectif d’alunir près du pôle sud lunaire pour y chercher des traces d’eau.
- Les Etats-Unis avec la NASA se sont lancées dans un ambitieux programme Artemis qui a pour objectif d’envoyer des astronautes sur la lune à l’horizon 2024. Ce voyage utilisera la future station orbitale Lunar Orbital Platform Gateway (LOPG). Située à proximité de la lune, elle pourra servir de base de départ pour toutes les activités humaines sur la lune. Dans un premier temps, plusieurs atterrisseurs s’y poseront d’ici la fin de l’année pour y livrer un certain nombre de robots et autres appareils permettant de préparer la mission : Peregrine One en juillet 2021 qui alunira du côté du nord-est de la face visible de la lune, Nova-C en octobre 2021…
- L’Inde avec l’ISRO, l’Organisation Indienne de Recherche Spatiale, qui, après l’échec de l’atterrissage de Chandrayaan-2, mais le succès de la mise en orbite lunaire, va retenter d’alunir avec Chandrayaan-3 en 2022.
Un peu plus loin dans le système solaire
- La mission de la sonde Juno de la NASA, lancée en 2011 pour étudier Jupiter, est désormais en orbite autour de la planète et va être prolongée jusqu’à septembre 2025 après avoir déjà permis de comprendre un certain nombre de phénomènes dont les tempêtes aurorales de Jupiter, des phénomènes transitoires qui se produisent aux pôles de la planète.
- La sonde Akatsuki, lancée par l’agence spatiale japonaise JAXA en 2010, avait pour mission d’étudier le climat de Vénus. En orbite autour de Vénus depuis 2015, elle continue sa mission solitaire.
- La sonde Parker de la NASA, qui a quitté la terre en août 2018, en route, elle, pour observer le soleil. Elle a d’ailleurs profité de ses petits tours d’accélération autour de Vénus pour la prendre en photo, particulièrement sa face cachée. Mais surtout, l’assistance gravitationnelle autour de Vénus pour se rapprocher du soleil lui ont permis, avec 147 km par seconde, de battre en avril tous les records de vitesse d’un objet conçu sur la terre.
- Solar Orbiter (cf. notre numéro d’avril 2020), en route elle aussi pour le soleil, devrait faire son second survol de Vénus le 10 août 2021 pour, elle aussi, tirer partie de l’assistance gravitationnelle pour se rapprocher du soleil.
- BepiColombo devrait en faire de même le 11 août 2021, mais cette fois-ci, c’est un voyage vers Mercure qu’effectue la sonde de l’Agence Spatiale Européenne lancée en 2018.
- Lucy, une mission de la NASA, devrait être lancée en octobre pour étudier, entre 2025 et 2033, six astéroïdes qui partagent l’orbite de Jupiter autour du soleil et confirmer ou non la théorie de la formation du Système Solaire appelée « modèle de Nice ».
- En juillet 2021, c’est la mission DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA qui sera lancée à destination de l’astéroïde Didymos. Cet astéroïde est un objet Near Earth Object (géocroiseur en anglais) c’est-à-dire que son orbite autour du soleil l’amène à faible distance de l’orbite terrestre, et donc potentiellement menaçant pour la terre. L’objectif de la mission DART est de tester une technologie d’impacteur pour faire dévier l’astéroïde et protéger la terre. L’astéroïde sera approché en 2022.
Encore plus loin
Le 31 octobre 2021 devrait enfin avoir lieu le lancement du télescope spatial James Webb (JWST) par la fusée ARIANE 5 dont la coiffe a été modifiée pour l’occasion. Ce télescope offrira une résolution et une sensibilité infrarouge améliorées par rapport à Hubble, pour des études dans les domaines de l’astronomie et de la cosmologie, dont l’observation de certains des événements et objets les plus éloignés de l’univers, telle que la formation des premières galaxies.
Si cet article nous fait voyager dans l’espace, vous comprendrez que la course à l’espace s’intensifie et que la liste des événements à venir est loin d’être exhaustive. Nous ne manquerons pas de continuer à vous en informer.
Dernière minute : au moment où nous mettons le journal sous presse, nous apprenons que la Chine vient, elle aussi de poser son robot Zhurong sur la planète rouge ! Bel exploit technologique.