Un peu de gauloise culture ….
Les médias n’en ont guère parlé, virus oblige, mais fin mars vit le décès d’un de nos plus célèbres représentants dans le monde, génial et modeste à la fois : je veux parler d’Albert Uderzo. Avec son compère René Goscinny, il a créé deux personnages qui nous ressemblent tant et qui, avec les années, sont devenus des stars internationales : Astérix et Obélix.
C’est d’abord le personnage d’ « Astérix » qui est né de l’imagination de nos deux acolytes ; ils ont créé ce petit Gaulois, espiègle et plein de malice, qui va résister à l’occupant romain. Le nom d’Astérix fait bien sûr penser à une étoile ; ils y ont ajouté le suffixe «rix», qui rappelle le rex latin et qui désigne le roi ou le chef. Curieusement, ce (tout) petit Gaulois au gros nez va triompher vers la fin des années 50, au moment où un autre héros national revient au pouvoir en France, coïncidence ?
Le second personnage incontournable de la fameuse bande dessinée, est incontestablement « Obelix », le célèbre tailleur de menhirs. Pourquoi menhir qui signifie « pierre longue » en breton, alors que l’on sait très bien que ces mégalithes ont été dressés par les habitants de ces régions plusieurs millénaires avant notre ère, c’est-à-dire bien avant l’arrivée des Gaulois (c’est ainsi que l’on nommait les Celtes sur le territoire que représente actuellement la France). A l’époque de nos deux héros, vers 50 avant J.C., il y a belle lurette que l’on ne taillait plus de tels monuments en Armorique…qu’importe ! Obelix, dont le nom rappelle une stèle égyptienne en forme d’aiguille, est tout le contraire d’Astérix, grand, costaud, un peu balourd…Il s’est entiché d’un petit chien qui le suit partout, Idefix ! Je pense qu’il est inutile d’approfondir l’origine de ce surnom…
Autre personnage improbable et récurent de la bande dessinée, le barde « Assurancetourix».
Sorte de génie incompris, le musicien du village est tout sauf une « assurance tous risques… ». Il suffit qu’il sorte sa lyre pour entonner quelque mélodie de sa composition, pour que les habitants de l’irréductible petit village se liguent contre lui et immanquablement, à chaque fin d’album, il finit bâillonné, attaché à un solide chêne, tandis que tout le village ripaille autour d’une grande table en se régalant de sangliers dont Obélix raffole.
Les autres personnages sont autant de bons mots, toujours prétexte à des allusions plus ou moins croustillantes. On trouve par exemple « Falbala », mot d’origine provençale qui désigne une pièce d’étoffe ; plus tard, ce mot sera aussi utilisé pour des fanfreluches. Bien sûr avec un tel pseudonyme, c’est une coquette et Obélix, grand chasseur au cœur tendre va tomber amoureux d’elle, ce qui va encore une fois entraîner nos deux compagnons dans de folles aventures. Il y a aussi, « Ielosubmarine » l’épouse du poissonnier Ordralfabétix dans Astérix en Hispanie, « Abraracourcix » le chef de la tribu, « Panoramix », le druide préparateur de la potion magique qui donne à nos irréductibles Gaulois une force à abattre des montagnes…
Bref, il est très difficile de dresser une liste exhaustive de tous les noms attribués à nos amis Gaulois, mais aussi Romains, Vikings, Egyptiens, Grecs, Belges, etc. partout où les auteurs des 38 albums de la série ont conduit leurs pas. Avec près de 400 millions de livres vendus et une traduction dans 111 langues, le petit Gaulois fait partie des rois de l’édition. Depuis le décès de René Goscinny en 1977 et l’arrêt d’Albert Uderzo en 2013, d’autres ont maintenant repris le flambeau, gardant le même esprit, et le dernier album paru « La fille de « Vercingétorix » a encore une fois été un énorme succès, jusqu’où ce petit gaulois ira-t-il ?