Une artiste à la voix d’or
Un corps chétif, des mains crispées, une petite robe noire et une croix pour pendentif… vous aurez deviné qu’il s’agit d’Edith Piaf, petit bout de femme de 1,47 mètre à la force de caractère impressionnante mais surtout chanteuse à la voix unique jamais égalée !
La « Môme Piaf », ce sont aussi des bonheurs fugaces et des peines immenses qui ont jalonné son parcours et sa vie. A 6 ans, elle devient aveugle suite à l’inflammation de la cornée et recouvre la vue peu après un pèlerinage au pied de la sépulture de Thérèse à Lisieux. Toute sa vie, elle gardera une médaille de la sainte autour de son cou et se rendra régulièrement au Carmel de Lisieux pour prier. En 1935, elle aura la douleur de perdre sa petite fille de 2 ans atteinte d’une méningite foudroyante.
Amoureuse éperdue ou intransigeante, la chanteuse ne cessera de mêler ses liaisons à sa vie artistique, aidant ses amants à accéder à la célébrité comme Paul Meurisse, Yves Montand, Eddie Constantine, Gilbert Bécaud, Charles Dumont, Georges Moustaki, … Elle se marie en 1952 avec Jacques Pills, chanteur compositeur, puis un an avant sa mort avec Théo Sarapo, jeune Grec de 21 ans son cadet. Mais le plus grand amour d’Edith fut sans conteste le boxeur Marcel Cerdan disparu tragiquement dans un accident d’avion en 1949 et elle ne se remettra jamais de ce nouveau coup du destin.
« La foule, Mon manège à moi, Les trois cloches, Jézabel, L’homme à la moto, Non je ne regrette rien, Milord »… Quel répertoire ! Elle part à l’assaut des Etats-Unis jusqu’à la mythique salle du Carnegie Hall de New-York où elle est ovationnée chaque soir. Prévu pour six ou sept représentations, elle y restera quatre semaines.
La plupart de ses chansons seront reprises par les plus grands interprètes : Louis Armstrong, Marlène Dietrich, Liza Minnelli avec « La vie en rose », Serge Gainsbourg et « Mon légionnaire » ou encore par Johnny Halliday « L’hymne à l’amour » qu’elle avait dédié à Marcel Cerdan.
L’alcool, la morphine et différents accidents de voiture ont gravement altéré sa santé à partir des années 50. Elle subit plusieurs cures de désintoxication sans cesser de travailler. A l’automne 1963, malade et épuisée, elle se réfugie dans sa bastide provençale près de Grasse. Agée de 47 ans, elle en paraît vingt de plus et n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle souffre de polyarthrite rhumatoïde, maladie qui s’attaque aux articulations et provoque douleurs et déformations. La veille du décès de son grand ami Jean Cocteau, Edith s’éteint le 10 octobre 1963 à 13 h 10, victime d’une rupture d’anévrisme. C’est à Paris où elle a toujours exprimé le désir d’être inhumée que son corps est transporté en toute discrétion la nuit suivante dans son appartement où son décès est officiellement confirmé le lendemain.
L’annonce de sa disparition provoqua une immense onde d’émotion dans l’opinion publique. Ses obsèques figurent parmi les plus mémorables du XXème siècle. Malgré sa foi, l’Eglise catholique lui refusera des obsèques religieuses en raison de sa vie privée. Le 14 octobre, les rues de Paris sont barrées par la police. L’immense foule estimée à cinq cents mille personnes resta contenue et silencieuse derrière les barrières tout au long du parcours du convoi funéraire. Auparavant, à l’ouverture des portes du cimetière, déjà quarante mille Parisiens avaient pu entrer pour assister aux obsèques au plus près de la tombe où reposent sa fille et son père. Juste après le départ des célébrités et des proches, il y eut de grandes bousculades car tous voulaient rendre hommage à la chanteuse.
Edith Piaf aura vécu pour les autres, pour son public, pour ses amants. Sa vie fut jonchée de tragédies mais son nom restera à jamais gravé dans la musique française.
Geneviève Forget