Une vie dédiée à la musique : Nadia Boulanger
Après trente-quatre ans d’attente en septembre dernier, un hommage a été rendu à Nadia Boulanger, illustre habitante de Gargenville (1), par l’émission d’un timbre à son effigie.
Nadia Boulanger naît le 16 septembre 1876 dans une famille qui compte quatre générations de musiciens. Elle est la fille d’Ernest Boulanger, compositeur et pianiste français et d’une cantatrice russe, la princesse Raïssa Ivanovna Mychetsky. Son père fête son 72ème anniversaire le jour de sa naissance. Le salon familial est fréquenté par Gabriel Fauré, ami proche de la famille, Charles Gounod et Camille Saint-Saëns. Encouragée par son père, elle étudie dès l’âge de 9 ans, l’orgue, la composition et entre au Conservatoire de musique de Paris dont elle sort à 16 ans après avoir remporté les premiers prix d’orgue, d’accompagnement et de composition, suivis en 1908 par un deuxième second prix de Rome de composition. En 1918, à la mort de sa sœur cadette, Juliette dite Lili (2), Nadia renonce à tout jamais à la composition et se consacre désormais à la direction musicale et à la diffusion de l’œuvre de sa sœur.
En 1921, « Mademoiselle » (c’est ainsi qu’on l’appelait) devient professeur du Conservatoire américain de Fontainebleau puis assure sa direction de 1948 jusqu’à sa mort en 1979. Parallèlement, Nadia Boulanger mène une carrière de chef d’orchestre, débutée en 1912. Elle est ainsi la première femme appelée à diriger des orchestres philharmoniques ou symphoniques : celui de Paris (1934), de Londres (1936), de la Royal Society de Londres (1937), de Boston (1938), de New-York au Carnegie Hall, Philadelphie, Washington. En 1956, elle organise la musique pour le mariage du prince Rainier avec Grace Kelly.
Toutefois, sa véritable vocation fut l’enseignement musical qu’elle va révolutionner en utilisant une variété de méthodes : l’harmonie traditionnelle, la lecture de partitions au piano, le contrepoint, l’analyse musicale et le solfège. Parmi ses élèves qui seraient au nombre de mille deux cents, on compte Daniel Barenboïm, Aaron Copland, Vladimir Cosma, John Eliot Gardiner, Georges Gershwin, Michel Legrand, Quincy Jones, Léonard Bernstein, Astor Piazzolla, …
En 1977, elle est faite grand officier de la Légion d’honneur. Le 26 octobre 1979, de nombreuses personnalités du monde musical, le prince Rainier, la princesse Grace ainsi que les ambassadeurs des Etats-Unis et de Grande-Bretagne l’accompagneront à sa dernière demeure au cimetière Montmartre où elle repose aux côtés de sa sœur.
(1) Elle a vécu pendant de nombreuses années, aux Maisonnettes à Hanneucourt, hameau de Gargenville, 2 Place Lili-Boulanger.
(2) Lili, née en 1893, montra dès l’âge de 6 ans des prédispositions pour la musique, déchiffrant des partitions avant même de savoir lire. Douée pour la composition, elle fut la première femme à remporter le grand prix de Rome de composition musicale pour sa cantate Faust et Hélène. De santé fragile dès son plus jeune âge, elle meurt âgée de 25 ans d’une tuberculose intestinale, à Mézy.