Vendanges à Montmartre
Plantée en 1933 sur le flanc nord de la butte, la vigne montmartroise, propriété de la ville de Paris, s’étage sur cinq paliers distribués sur une parcelle en pente de 1536 m2, évoluant le long de la rue Saint Vincent et la rue des Saules.
La vigne de ces dames
Les premiers vignobles remontent à l’époque gallo-romaine mais il faut attendre le Moyen-âge pour que l’activité viticole trouve son essor. Au XIIème siècle, ce sont les dames de l’Abbaye de Montmartre qui plantent les premières vignes et développent la production des vins de la butte. Six siècles plus tard, la colline est recouverte aux trois quarts de vignes. Les Parisiens apprécient ce vin réputé pour ses qualités diurétiques. S’échappant de la capitale frappée par l’octroi, ils montent jusqu’au petit village pour faire la fête hors-taxe. Guinguettes, tavernes et bals se multiplient : le cabaret du « Lapin Agile » et le « Musée de Montmartre » sont toujours là pour témoigner de cette époque.
Au milieu du XIXème siècle, alors que se développe l’exploitation des carrières et que l’urbanisation s’intensifie, les vignobles reculent. Frappés par le phylloxera et la concurrence des vins des régions plus ensoleillées, les crus de Montmartre s’étiolent peu à peu. En 1860, l’annexion de la commune à Paris marque le déclin définitif de la production.
Le renouveau
Après la disparition complète des vignes en 1928, deux mille pieds de gamay et de pinot noir provenant de la région de Fontainebleau sont replantés cinq ans plus tard. Actuellement, il y a trente cépages différents, 70% d’entre eux sont anciens. Le vin a longtemps été considéré comme de la « piquette » mais ce n’est plus le cas depuis qu’une œnologue et un vigneron s’occupent de cette vigne.
Les vendanges
Du fait de son exposition plein nord, les vendanges se déroulent tardivement. Agents de la ville et bénévoles se retrouvent chaque année, sécateurs à la main, pour récolter plus de mille kilos de raisin en un peu plus de deux heures (mille neuf cent cinquante kilos en 2016). Vinifié dans les caves de la mairie selon des méthodes traditionnelles, les grappes sont moulinées dans une presse en bois ou fouloir égrappoir. Le vin est ensuite élevé en foudres (vastes cuves de bois) puis mis en bouteilles vers mars-avril. Les bénéfices de la vente des bouteilles (plus de mille), sont reversés aux œuvres sociales de Montmartre et du XVIIIème arrondissement.
La première fête des vendanges en 1934 fut parrainée par Mistinguett et Fernandel en présence d’Albert Lebrun président de la République. La vigne n’ayant pas encore donné de raisins, (il faut trois ans pour être productive), des vignerons du Beaujolais offrirent les grappes qui serviront à la cuvée.
La fête des vendanges a lieu chaque deuxième week-end d’octobre. Cette manifestation conviviale et populaire séduit chaque année un nombre plus important de visiteurs. Trois jours durant, le cœur de Montmartre bat au rythme de la fête avec plusieurs stands variés : village du goût où produits de France et du monde sont présents, animations, expositions, visites guidées, concerts, vente du vin aux enchères, … Le samedi : traditionnel Ban des vendanges dans les vignes suivi d’un grand défilé des confréries l’après-midi puis d’un feu d’artifice devant le Sacré-Cœur ; et pour le dimanche : la cérémonie et le bal des « non-mariés ».