Versailles ou la naissance d’un mythe
Ce n’est un secret pour personne : il y a quatre cents ans, Versailles, proche de la résidence royale de Saint-Germain-en-Laye, n’était qu’un petit village isolé au milieu des marais, loin des tumultes de la capitale. Henri IV apprécie ces forêts giboyeuses et vient souvent y chasser avec le dauphin. Quand il devient roi, Louis XIII en fait son domaine de chasse de prédilection. Il y fait construire un relais qu’il transformera en petit château. C’est bien entendu au Roi-Soleil que l’on doit le château que l’on connaît aujourd’hui. Désireux de montrer à toute l’Europe la magnificence de son règne, Louis XIV le transforme en l’un des plus beaux édifices au monde. Lorsqu’il commence les travaux en 1661, il conserve l’architecture du pavillon de chasse déjà existant et demande à ce qu’on entoure l’édifice plutôt que de le détruire. La façade Est incarne depuis quatre cents ans les origines du château.
Témoin du passé, Versailles demeure un symbole politique éloquent : Révolution de 1789, sa transformation en musée en 1837 par Louis-Philippe, proclamation de l’Empire allemand en 1871, signature du Traité de Versailles en 1919, … Le prochain évènement planétaire annoncé se déroulera lors des Jeux olympiques de 2024 avec les épreuves d’équitation dans le parc du château.
Mais avant de découvrir ces gracieuses prestations, la galerie de l’histoire du château a rouvert ses portes au public depuis le début du mois. Lieu d’introduction à la visite, elle couvre quatre siècles d’histoire de Versailles en retraçant les transformations d’un palais en perpétuelle effervescence. Ce nouvel emménagement riche en œuvres et objets d’art est complété par un nouveau dispositif numérique qui permet aux visiteurs d’entrevoir les splendeurs d’un Versailles disparu.
Depuis le 27 juin, le public est invité à découvrir un nouvel aménagement de la vie intime de Marie-Antoinette. Derrière les lambris dorés et les tentures de soierie du grand appartement de la reine, se cache sur deux étages un ensemble de pièces aux dimensions modestes dont les fenêtres donnent sur de petites cours intérieures. Un cabinet dit « de la méridienne », une bibliothèque adjacente puis un grand cabinet intérieur ou cabinet doré occupent le premier étage. La reine s’offre un air de liberté en installant au second niveau un ensemble de petites pièces réservées à son usage, à ses premières femmes de chambre et à son service.
Ces multiples aménagements qui se poursuivent à un rythme croissant, trahissent aussi le besoin d’intimité d’une jeune femme vive et naturellement encline à l’indépendance comme du temps de son enfance. Dans ces cabinets à l’accès contrôlé, Marie-Antoinette se repose des fatigues de la cour, reçoit ses enfants et un cercle d’amis choisis. Jusqu’en 1788, elle n’aura de cesse de transformer, étendre, aménager, enjoliver ses appartements, le décor étant sa vraie passion. Elle installe un ameublement des plus élégants, témoin de l’harmonie et de la perfection des arts décoratifs français à la fin de l’Ancien Régime : toile de Jouy, meubles précieux, … Après de longues recherches archivistiques sur l’usage et la décoration de ces pièces, l’ensemble a été restauré au plus proche de l’identique.