Vous avez dit : « indulgences » ?
Le trafic des indulgences
Au XVIème siècle, on a prêché qu’une petite pièce mise à la quête faisait monter une âme au ciel ou permettait d’aller au ciel ; cela a ouvert la voie à bien des malhonnêtetés : ainsi on a vendu des indulgences pour payer la basilique Saint-Pierre, pour renflouer les caisses de tel évêque de Mayence. Ce trafic des indulgences, péché appelé « simonie », fut violemment dénoncé par Luther dans ses « 95 thèses ».
L’Eglise a fait « amende honorable » et a demandé pardon pour ces détournements d’argent, car l’indulgence ne peut être ni liée à l’argent, ni destinée à payer quelque chose ! L’indulgence a à voir avec la miséricorde et avec le pardon.
L’indulgence plénière…
Le péché crée une peine, une offense à Dieu qui est pardonnée, effacée par le regret (la contrition) et le sacrement de réconciliation (la confession) ; mais une fois qu’on a reçu le pardon, le désordre causé est toujours là : il faut réparer ; ce désordre à réparer, ces conséquences du péché, s’appellent la peine temporelle. C’est à nous de nous en acquitter, de réparer le mal commis, mais parfois c’est impossible parce que la faute – grave – a eu trop de conséquences ; ainsi par exemple la médisance qui va entraîner la circulation de multiples bruits médisants sur telle personne…
Alors l’Eglise, montrant son indulgence c’est-à-dire comprenant que la réparation totale est impossible, peut nous aider ; pour cela, elle remplace la peine temporelle par autre chose, des œuvres bonnes par exemple. Elle puise aussi dans le trésor des indulgences dont le Saint-Père a la clef, suite à la parole de Jésus adressée au premier pape, saint Pierre : « tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel ».
- Ce n’est pas une absolution. L’indulgence plénière n’est pas une absolution ; c’est une manière de réparer le mal commis (en moi et dans le monde), de restaurer l’harmonie abîmée.
- Pour moi et pour les défunts
L’indulgence plénière peut s’obtenir soit pour soi-même, soit pour une personne défunte, « par mode de suffrage » c’est-à-dire en offrant nos prières à Dieu pour ce défunt.
- Le pape propose régulièrement des indulgences
Le pape François a notamment proposé des indulgences lors du jubilé de la miséricorde en 2015-2016 ; il s’agissait de célébrer le cinquantième anniversaire de la clôture du concile Vatican II.
Quelle démarche ?
De façon générale, l’indulgence plénière est demandée à travers le renoncement à tout péché, la confession, l’eucharistie et la prière aux intentions du Saint Père (ce peut être aussi la prière du Je vous salue Marie, du Notre Père, du Je crois en Dieu). La démarche est la même lors d’une bénédiction urbi et orbi (pour la ville et pour le monde). L’indulgence plénière est reçue dans la communion des saints qui ne cessent de prier pour que soit accueillie la divine Miséricorde, sur la terre comme au ciel.
Indulgence plénière pour l’année saint Joseph
Avec la Lettre Apostolique « Patris corde » (avec un cœur de père), le pape François rappelle le 150eme anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Église universelle. À cette occasion, et dans le contexte de la pandémie de COVID19, une « année spéciale saint Joseph » se tient du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021.
« Nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés. Saint Joseph nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en « deuxième ligne » jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. À eux tous, une parole de reconnaissance et de gratitude est adressée ».
Nous sommes invités à suivre l’exemple de saint Joseph pour renforcer notre foi et accomplir la volonté d’amour de Dieu. Pour nous y aider, l’Eglise nous offre, à l’occasion de cette année saint Joseph, la possibilité de recevoir des indulgences plénières. Nous pouvons les obtenir en accomplissant la démarche spirituelle indiquée précédemment ; il s’agit ensuite de méditer sur une ou plusieurs figures de saint Joseph (voir notre article page 8)
Pour une re-création du cœur et du monde
Une indulgence nous dévoile la manière d’agir de Dieu : Il réordonne toute l’histoire, toute notre histoire selon son amour. Bénéficier d’une indulgence, c’est éprouver avec reconnaissance l’heureuse disproportion entre notre petitesse et la grandeur de Dieu qui peut remettre l’humanité dans sa grâce. L’indulgence plénière est une grâce offerte par Dieu. Elle est réparation, effacement du désordre causé par le péché.
Par l’indulgence totale, plénière, le Seigneur est capable de tout reprendre en nous, de nous recréer, de renouveler notre cœur, pour nous aider à poursuivre notre pèlerinage vers le ciel ; ces bienfaits ne sont pas que pour nous-mêmes, mais pour le monde abîmé par le manque d’amour, par le péché. On peut dire que l’indulgence plénière est une arme de reconstruction massive !