YALLA ! En avant !
En langue arabe, Yalla veut dire en avant ! C’était l’expression favorite de sœur Emmanuelle car elle considérait que les chrétiens, et pourquoi pas ceux qui ne le sont pas, se doivent d’agir, de se mettre en marche pour une société plus humaine, plus juste et plus attentive aux besoins des plus pauvres.
Tous les peuples ne sont pas chrétiens mais chacun dans son humanité peut ressentir au plus profond de lui-même la compassion et le désir d’apporter sa part en aidant les personnes en souffrance. Si nous sommes chrétiens, il nous appartient de nous mettre à l’écoute du message du Christ qui nous invite à être attentifs aux autres et à rejeter nos égoïsmes afin de soutenir ceux qui en ont besoin. Il ne s’agit pas obligatoirement de faire de grandes choses mais d’agir humblement, avec nos propres moyens, dans l’intérêt de tous. Par de petits gestes, on peut faire beaucoup à l’image des petites rivières qui font des grands fleuves.
Alors les chrétiens, en ce temps pascal, que vont-ils faire ? Comment allons-nous recevoir le message de Pâques et comment allons-nous le porter au monde vers qui le Christ nous envoie ? Oui, Jésus a donné sa vie pour l’humanité et sa résurrection donne l’espérance d’une nouvelle vie. Jésus nous a enseigné, nous a expliqué que tout l’Amour de Dieu est pour tout le genre humain sans distinction d’origine, de race, de culture, de langue. Il nous appartient de délivrer ce message d’amour au monde, de le faire comprendre sans contrainte, uniquement par notre témoignage de vie conforme à l’évangile.
Quand on prend la peine de lire les Evangiles, on se rend compte que Jésus ne contraint personne à le suivre mais qu’il appelle chacun de nous, en toute liberté, à entreprendre cette démarche d’adhésion et d’action. En relisant l’épisode du « Jeune homme riche », nous voyons que Jésus invite cette personne à le suivre et à adopter un style de vie différent, plus ouvert au monde. Relisons ce passage de l’Evangile en Marc 10, 20-22 : « L’homme lui répondit : Maître, j’ai obéi à tous ces commandements depuis ma jeunesse. Jésus le regarda avec amour et lui dit : Il te manque une chose : va vendre tout ce que tu as et donne l’argent aux pauvres, alors tu auras des richesses dans le ciel ; puis viens et suis-moi. Mais quand l’homme entendit cela, il prit un air sombre et il s’en alla tout triste parce qu’il avait de grands biens ». Cette personne était trop attachée à son confort personnel et n’a pas répondu à l’appel de Jésus qui l’invitait à le suivre. Sa liberté a été respectée.
Si les chrétiens ne sont pas à l’œuvre pour un monde meilleur, la foi n’est pas en cohérence avec ce qu’elle implique. Jésus nous invite à aller jusqu’aux extrémités de la terre, à porter la bonne nouvelle et à baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit mais avant de vouloir baptiser les autres, encore faut-il que notre vie soit conforme aux promesses de notre propre baptême.
Alors « Yalla » ! En avant !
Yves Corvisy